Des émeutes historiques secouent le Sénégal depuis le mercredi 3 mars suite à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. De multiples affrontements et des grandes manifestations sont en cours contre le pouvoir en place.
À Dakar, mobilisation massive et autodéfense populaire. La manifestation du vendredi devait marcher sur l’Assemblée Nationale. À l’approche du bâtiment, la police a fait usage de gaz lacrymogène. Sur les réseaux sociaux, énormément de sénégalais.e.s déconseillent vivement aux insurgé.e.s de ramasser les grenades de fabrication française – les tristement célèbres grenades de désencerclement et GM2L – causant de nombreuses blessures graves. Un manifestant aurait eu la main déchiquetée par une munition.
Jets de pierres, points de fixations disparates et multiples , matériaux enflammés barrant les routes mettent en grande difficulté les forces policières à tel point que le soulèvement est devenu totalement incontrôlable dans la capitale du pays. La pratique de l’auto-réduction s’est généralisée avec des pillages en série de commerces et de supermarchés, et notamment des enseignes telles que Auchan, Carrefour ou encore Total symboles de l’impérialisme français au Sénégal. Le ministre de l’intérieur sénégalais a annoncé l’envoi de troupes de l’armée dans la capitale pour “rétablir l’ordre”.
Les médias signalent que plusieurs villes du pays sont aussi le théâtre de scènes de colère et de manifestations. Des lieux de pouvoir sont pris pour cible. À Saint-Louis, dans le Nord, des élèves auraient incendié le siège de l’APR, le parti du président. Dans le Sud du pays : à Bignona, la maison du Préfet a été saccagée. À Sédhiou, la gouvernance, la mairie, l’inspection d’académie et le bâtiment des Eaux et Forêts ont été vandalisés. À Ziguinchor, une station essence et des kiosques de transferts d’argent sont partis en fumée.
Vendredi 5 mars, la presse locale annonçait les décès de 5 personnes du côté des protestataires et de nombreuses personnes blessées. La répression est féroce et la foule a essuyé de nombreux tirs à balles réelles. Les sénégalais.es dénoncent la complicité de la France qui équipe en matériel militaire les unités de maintien de l’ordre sénégalaises.