Catalogne : 8 personnes enfermées pour avoir manifesté leur soutien à Pablo Hasél

Le 27 février dernier à Barcelone, lors de la manifestation réclamant la libération du rappeur Pablo Hasel, condamné à de la prison ferme pour «outrage à la couronne et aux forces de l’ordre», le cortège est fourni et remuant. Des vitrines de banques et d’enseignes éclatent, des barricades sont hérissées, des A cerclés fleurissent sur la taule des camions de police et quelques flammes sur le flanc de l’un des véhicules occasionneront une trace de suie sur la carrosserie. Quelques dommages matériels donc.

L’État espagnol se venge. Après cette nuit de mobilisation, huit militant.e.s d’origine italienne, française ou espagnole seront interpellé.e.s. Rapidement, un récit policier complètement délirant et fantasmagorique alimente les débats du 17e tribunal d’instruction de la métropole de Barcelone. Sans aucun élément à charge, les flics accusent les huit interpellé.e.s de destruction de mobilier urbain et de banques, et d’avoir incendié un véhicule de police alors «qu’un fonctionnaire était à l’intérieur». Les Mossos – la police catalane – agitent la traditionnelle figure éculée de «l’anarchiste ultra-violent» pour faire de ces militant.e.s des boucs émissaires, des exemples afin d’arrêter la vague de protestation qui déferle dans les artères barcelonaises depuis l’incarcération de Pablo Hasel.

Les autorités prétendent que les huit manifestant.e.s feraient partie d’un nébuleux groupe « utilisant des tactiques élaborées leur permettant de se soustraire à la police et la justice », information reprise sans vergogne et relayer en chœur par les médias aux ordres. Un discours qui rappelle furieusement celui des préfets français. Dans les jours suivants, une série de perquisitions à grand spectacle sont organisées dans deux sites industriels occupés dans la région du Maresme près de Barcelone dans l’intention de relier les huit personnes à des organisations criminelles, organisations qui sont dans la vie réelle inexistantes. Des recherches qui se révèlent donc infructueuses et auraient dû démontrer le caractère ubuesque de la situation.

Pourtant, le mercredi 3 Mars, malgré l’absence de preuve évidente, la chambre d’instruction décide de poursuivre l’intégralité du « groupe » pour « tentative d’homicide, agression contre des agents de l’autorité publique, de désordre public, de dommages, rassemblement illégal et appartenance à une organisation criminelle » et les jette directement derrière les barreaux, en détention provisoire sans possibilité de sortir sous caution. Ignominie d’une justice au service de la police. Huit personnes envoyées en taule pour avoir simplement participé à une manifestation et sur la base d’un récit de flics infiltré.e.s. Encore une fois, comment ne pas penser à l’opération « anti-terroriste » contre quelques militant.e.s révolutionnaires en décembre dernier en France, sur la base de simples présomptions ?

Dans un contexte de dissidence généralisée, les violences institutionnelles se font de plus en plus étouffantes. En France comme en Espagne, alors que les populations subissent les ravages des politiques libérales et que les lois liberticides se multiplient, les gouvernements autoritaires et leurs organes de presse exécrables criminalisent les révoltes. Avec la répression policière, la judiciarisation et l’enfermement tendent à se normaliser à l’ensemble du mouvement social. C’est l’offensive du pouvoir contre toutes les formes de résistances.


Sources :

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