«Que tout continue ainsi, voilà la catastrophe»
Walter Benjamin
Quelques nouvelles de l’effondrement planétaire
Déforestation
220 millions d’hectares ont été déforestés entre 1990 et 2020, soit 17% de la surface totale des forêts tropicales et équatoriales qui ont disparu en trente ans. C’est le résultat de la dernière étude publié le 5 mars 2020 dans la revue Science Advances. Comme toutes les études d’impact sur l’exploitation humaine, les précédents travaux avaient été largement sous-évalués par les chercheur.euses.
Les chiffres sont vertigineux et en disent long sur l’ampleur de la catastrophe. Chaque année, c’est l’équivalent d’une forêt de la surface de l’Irlande qui disparaît, mettant en péril ces milieux riches en biodiversité. La déforestation est un facteur aggravant de l’accélération du dérèglement climatique. Juste après l’utilisation des énergies fossiles, elle est la deuxième source des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
Le recul des forêts est le fruit de l’appétit vorace des multinationales de l’agro-industrie. En cause, «la culture du soja, destiné au bétail des pays développés et celle des palmiers à huile pour les cosmétiques, le « bio » diesel ou encore l’alimentation font partie des facteurs principaux de ce déboisement».
Océans pollués
La pollution des océans se poursuit. 10 Millions de tonnes de plastique finissent dans les habitats marins tous les ans. Un nombre qui pourrait tripler d’ici 2040 si rien ne change. Selon une étude britannique, la production de plastique a été multipliée par 20 depuis la moitié du siècle dernier. 72% des emballages plastiques ne seraient pas collectés de manière efficace et finiraient dans les écosystèmes marins. À l’horizon 2050, il devrait y avoir plus de déchets que de poissons. Effrayant…
Pour la vie marine, cette pollution massive aux plastiques qui semble incontrôlable est catastrophique. Plus de 800 espèces sont déjà touchées. Des mammifères marins aux tortues de mers, jusqu’aux oiseaux et aux fruits de mer. Pour les scientifiques, «les pays à revenu élevé ont une part de responsabilité considérable dans cette crise mondiale : ils produisent 10 fois plus de déchets par personne que les pays à faible revenu et exportent entre 10 et 25 % des déchets plastiques».
Malgré ce constat dramatique, avec un matériau qui s’avère aussi lucratif pour les entreprises, les lobbies des géants du plastique poussent les gouvernements à retarder l’échéance de l’arrêt de la production. Jusqu’à l’extinction de toute vie marine ?
Futures pandémies
En pleine crise sanitaire mondiale, la communauté scientifique s’accorde à dire que les risques pandémiques sont élevés et seront amenés à être plus fréquents, notamment dû à la déforestation et la pollution océanique. La destruction d’habitats naturels et la surexploitation animale favorisent l’apparition de zoonoses – les maladies d’origine animal transmises à l’homme.
Mais le danger pourrait aussi venir des océans. Au-delà du risque environnemental que représente la pollution plastique pour la faune marine, ces déchets servent de véritable «arche de Noé» pour des milliers de virus et de bactéries au point de faire peser un risque sanitaire élevé pour l’homme. Face au désastre écologique causé par l’exploitation capitaliste, il est plus que nécessaire de tirer le frein d’urgence. Il en va de notre responsabilité dans la catastrophe en cours.