Le tourbillon de l’actualité qui défile à une vitesse vertigineuse ne doit pas nous faire oublier que fin mai dernier, il y a 10 mois déjà, le plus grand soulèvement de l’histoire récente des USA avait lieu. Dans la première puissance mondiale, des commissariats prenaient feu, des villes entières étaient hors de contrôle, des pillages massifs se multipliaient, le slogan « abolissons la police » devenait un cri de ralliement, une zone autonome apparaissait dans une grande métropole, des manifestants à défilaient à cheval, des engins de chantier dévastaient des rues, des émeutes jusque devant la Maison Blanche …
Ce soulèvement contre le racisme et la police donnait suite à l’agonie atroce, filmée, de George Floyd, un homme noir tué par des agents de Minneapolis, une ville du nord des USA. La révolte avait duré des mois, et n’est toujours pas totalement éteinte. Des centaines de manifestants avaient été gravement blessés, et plusieurs tués, notamment lors de fusillades. Le cœur de l’Empire était en ébullition.
Aujourd’hui, Derek chauvin, le policier américain de 45 ans qui a étouffé George Floyd a été reconnu coupable de meurtre, d’homicide involontaire et de violences volontaires ayant entraîné la mort. Une foule réunissant plusieurs milliers de personnes à l’extérieur de la salle d’audience a éclaté de joie à l’annonce du verdict. La garde nationale a commencé à envahir le centre-ville de Minneapolis, notamment autour du tribunal.
Qu’est ce qui a permis cette condamnation ? L’appareil judiciaire ? Absolument pas, cela fait des décennies qu’il protège les crimes policiers racistes. Et des dizaines de personnes noires ont été tuées en toute impunité. Est-ce la vidéo du crime ? Même pas. Malheureusement, d’autres violences policières filmées n’ont pas non plus été condamnées. Ce qui a joué, ce qui est décisif, c’est le soulèvement massif, inédit, qui a secoué tout le pays. Ce verdict était le strict minimum pour que les braises ne reprennent pas. Seule la révolte paie.
En France, la situation est identique : des violences sécuritaires et racistes systématiquement passées sous silence et couvertes par la justice. Et quand, par miracle, il y a une sanction, les syndicats de police font le tour des plateau télé et appellent à défiler en arme dans les rues. En attendant, la justice n’a toujours pas rendue pour Adama, Zineb, Steve, Rémy, Wissam, Aboubakar, et les autres. Ce que nous apprend la condamnation de Derek Chauvin de l’autre côté de l’Atlantique, c’est que le combat pour la justice ne se gagne pas que dans les tribunaux ou en attendant sagement que les juges fassent leur travail. Il se gagne dans la rue, par le rapport de force.
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