Quelques éléments pour garder espoir
C’est une information qui est passée plutôt inaperçue. Si vous êtes passé.e devant le commissariat central Waldeck Rousseau ces dernières semaines, vous n’avez sans doute pas manqué de remarquer qu’il y a des barrières devant, tout le long de la façade. Que se passe-t-il ? La police veut-elle copier le préfet et construire un mur d’enceinte autour du commissariat ? Ou bien au contraire creusent-ils une tranchée pour se protéger ? Rien de tout cela. Non, la réponse est plus simple : le commissariat craque. La façade se fissure. Il y a des infiltrations d’eau. Le bâtiment n’a que 12 ans, il a été livré en 2009.
C’est surtout inquiétant pour les trop nombreuses cellules de garde-à-vue, fréquemment remplies, qui s’y trouvent au sous-sol. Mais la police ne se plaint absolument pas du danger que représente un bâtiment qui se détériore pour les personnes enfermées dans les geôles. Non. Ils en profitent pour réclamer plus de moyens. Chouinant qu’ils ne savent pas où mettre les 33 policiers nationaux supplémentaires qui arrivent, ils affirment que le commissariat est trop petit. En réalité, regardons les choses en face : non, le commissariat n’est pas trop petit, le problème c’est qu’il y a trop de policiers à Nantes. Trop nombreux, trop lourds pour ce fragile commissariat.
Surajoutés aux policiers en fonction dans ce commissariat, mentionnons aussi les commissariats de quartier, la caserne de CRS, des gendarmes mobiles, les policiers municipaux…C’est très simple : en vous promenant 15 minutes dans le centre ville de Nantes, vous êtes sûr.e de croiser tous les corps du maintien de l’ordre.
Le raisonnement est le même dans le domaine carcéral. Les pouvoirs publics, remarquant qu’il y a trop de détenus par rapport au nombre de places en prison, choisissent… de construire de nouvelles prisons. Réduire la population carcérale, cesser de jeter en prisons tout le monde et permettre des conditions de détention moins catastrophiques ne leur traverse pas l’esprit.
Notons que Nantes est championne des malfaçons dans ses bâtiments les plus visibles.
Le furoncle architectural qui sert de Palais de Justice sur l’île de Nantes est lui aussi plein de malfaçons. Le sol est réfléchissant, ce qui peut être assez déroutant pour des personnes qui portent des jupes ou des robes. Pendant des années, il a littéralement plu dans la salle des pas perdus. Le toit n’évacuait pas l’eau. Les portes des bureaux, très épaisses, s’affaissent. Les portes des toilettes sont extrêmement lourdes à pousser, et pourtant elles sont prévues pour des personnes à mobilité réduite. L’éclairage est complètement nul. On se demande à quoi peut bien servir de suivre des années d’études d’architecte pour se gaufrer à ce point.
La Tour Bretagne n’est pas en reste. Bouse phallique et d’une laideur à toute épreuve, elle a été construite dans les années 1970 (inaugurée en 1976) pour la grandeur de Nantes, pour développer son attractivité, montrer sa puissance. Comme de nombreuses autres villes, il s’agit en fait de montrer « qui c’est qu’a la plus grosse ». Cette immondice a peu servi. Ses bureaux étaient globalement de 60 % à 80 % vides la plupart du temps. Depuis l’été 2020, le bâtiment a du être intégralement vidé pour une durée d’au moins 6 ans…pour cause d’amiante. Un échec total.
Quand on sait que les travaux du futur CHU sont en cours, avec des grandes difficultés néanmoins dues à des bombes de la deuxième guerre mondiale enfouies dans le sol, il y a de quoi s’inquiéter.
En revanche, nous serions infiniment moins inquiets si la Préfecture devait se reconstruire. Du moment qu’elle reste en centre ville.
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