Ce week-end, l’extrême droite a encore frappé à Lyon. Samedi 24 avril, une cinquantaine de fascistes ont attaqué la manifestation pour la fierté lesbienne et bi, et plus largement pour soutenir les luttes des personnes Queer. Cette milice néo-nazie a procédé avec une déconcertante facilité : partie des quais ; devant leur local, «la Traboule» pour aller à l’Opéra. Un trajet conséquent, en plein samedi après-midi, en plein cœur de la troisième ville de France, par un groupe fasciste armé. Pourtant, ils ont pu également repartir tranquillement, après s’être fait repousser par les manifestant.e.s. La police a fini par gazer tout le monde.
Dans le même temps et toujours à Lyon, un groupe fasciste Turc, les «Loups Gris», des nationalistes supporters de l’autocrate Erdogan, a tenté d’attaquer la manifestation de commémoration du génocide arménien. La reconnaissance du génocide par Biden a provoqué la colère du président et de l’extrême droite turques. Il va sans dire qu’aucun de ces groupes n’a été inquiété par la police.
À Lyon, l’extrême droite est puissante et active. Des locaux avec pignon sur rue, une activité plutôt développée, des groupes nombreux, une action de rue frappante… Les nervis néo-nazis ne lésinent pas sur l’utilisation de la violence. Des jeunes antifascistes ont notamment été poignardés il y a quelques années. Les attaques de bars et locaux associatifs ne sont pas rares. L’été 2020, deux commerces sont recouverts de tags racistes. En janvier de cette année, la manifestation pour les droits des personnes LGBTQIA+ était agressée par les fascistes. À peine 2 mois plus tard, une librairie engagée, «la Plume Noire» était prise d’assaut, toujours en plein jour. Même scénario Angers avec le local «l’Étincelle», ou celui baptisé «l’Insolente» à Chambéry…
À plusieurs reprises, les néo-nazis ont annoncé leurs intentions publiquement, sur leur groupe Télégram «Ouest Casual» avant de passer à l’acte. Pour n’importe quel groupe révolutionnaire, il y aurait enquête, comparution immédiate, articles diffamatoires dans la presse et peine «exemplaire». La police et la Justice ont choisi leur camp. Faut-il s’en étonner ? Non. La propagande intense faite contre «les casseurs», «les blacks blocs», «l’ultra gauche» ou «les anarcho-autonomes» prépare les esprits à une répression implacable contre celles et ceux qui résistent. Chaque geste de contestation sociale ou antiraciste est susceptible de tomber sous le coup de la loi. Les procédures judiciaires absurdes contre des miliant.e.s, basées sur des homards, des parapluies ou de la mousse expansive en sont une illustration. Pendant ce temps, les nazis attaquent, et des généraux d’extrême droite peuvent lancer un appel au putsch en toute tranquillité, 60 ans jour pour jour après la tentative de putsch d’Alger.
Les attaques contre les manifs Queer sont fréquentes. Fin janvier, c’est aussi à Angers, à Dijon, à Nice, à Rennes, à Nîmes que les groupes fascistes ont tenté de perturber les cortèges. Véritables supplétifs de la police, ils la remplacent ou la complètent dans la répression quand elle ne peut pas se lâcher totalement.
Les attaques contre les mosquées sont également de plus en plus fréquentes. Tags racistes, balles envoyées par la poste, tentatives d’incendie et même balles réelles faisant des blessé.e.s se répandent allègrement. Là encore, la propagande islamophobe marche à plein régime. La loi séparatisme mais également tous les articles portant sur la question du voile ont pour effet de stigmatiser les musulmans et musulmanes, offrant aux groupuscules d’extrême droite une opportunité pour agir en toute impunité.
Enfin, les agressions individuelle, sont sans doute plus nombreuses que ce qu’on peut penser. Si certaines affaires ont été médiatisées, comme une tentative d’homicide de deux adolescents à Nantes le soir du 2e tour des présidentielles en 2017, ou des violences racistes à Angers il y a 2 ans, d’autres le sont beaucoup moins voire pas du tout. Ainsi, à Besançon, un homme racisé a été violemment tabassé par un néo-nazi notoire, qui a notamment combattu dans le régiment Azov en Ukraine.
Ce n’est pas en passant par la police ni la justice que nous gagnerons face à l’extrême droite. Les dissolutions de groupes fascistes ou les condamnations de militants néo-nazis n’ont jamais empêché l’extrême droite de monter en puissance. Compter sur la répression envers l’extrême droite pour que ses idées reculent, c’est non seulement se tromper mais en plus accepter que l’État puisse se servir d’outils de répression que nous combattons. Or, tout outil répressif appliqué aux fascistes sera utilisé contre les forces sociales et révolutionnaires. Et, bien souvent, l’est déjà.
Lutter contre le fascisme, celui en costard comme celui au crâne rasé, ne peut que passer par un véritable rapport de force politique. A la fois par des soulèvements contre le capitalisme et toutes les oppressions, mais également par le développement de nos propres médias pour contrer la présence de l’extrême droite dans quasiment tous les médias aujourd’hui.
Sources :
- Attaques contre des mosquées à Nantes, Strasbourg ou Bayonne.
- Des agressions de l’extrême droite à Nantes le soir de l’élection de Macron, entre Nantes et Angers avec un récap de Ouest-France, à Besançon ou encore à Lyon.