“Dé-statufie la liberté”


Une invitation à l’action et l’insoumission par l’art



Des artistes anonymes reviennent sur leur action sur la statue de la liberté avec une vidéo et un texte de revendication publié initialement sur le média Hiya :


“Le manifeste «Liberté renaît en mai»

Bien avant que tu naisses, la machine-à-coudre a planté des aiguilles partout dans le corps meurtri de la Liberté, partout dans ton corps à toi. Tu la sens dans tes narines, l’odeur de fer, parce que la peinture rouge coule encore de tes plaies. Avec les mêmes aiguilles, elle a cousu tes doigts, tes lèvres, tes paupières et tes oreilles. La peinture a giclé par tous les trous. Du faux- sang de cinéma – fontaine Tarantino.

La machine-à-coudre a ensuite cloué tes membres à des baguettes en bois. Pour rendre la douleur supportable, tu t’es persuadé·e que les fils, les baguettes et la main au-dessus sont absolument nécessaires à ta survie. Fantoche-monde.

N’aie pas peur. Tu peux tirer sur les fils. Les grands prestidigitateurs ne sont pas cachés en coulisse. Au-dessus de toi, tu croyais que c’était une main, mais c’est encore la machine à coudre. Le pique-épingle sur ton poignet, tu croyais que c’était le tien, mais elle te l’a offert. Les mirages les illusions les tours de magie les fantômes sous ton lit les monstres dans le placard – jette les avec les fils. Voilà. Nous sommes des êtres de bois, tu sais ? Le bois, ça se ponce, ça se lime, ça se découpe. La seule différence entre toi et moi, c’est que je vis dans une boîte à outils, au milieu des copeaux et des confettis.

Fronce les sourcils et tu verras une scie calée entre deux lettres de ce texte, juste là. Cadeau. Elle est lourde, mais tu vas t’en sortir. Je sais, cesser de pendouiller mollement dans la ruche vernie est terrifiant. Regarde en bas, c’est de là que vient la lumière. Quand le bruit sourd d’une masse qui s’abat sur le métal retentira, je t’ouvrirai.

Viens, entre dans la boîte à outils où gronde le carnaval ! Rejoins-nous taper sur les symboles à la fanfare des belliqueux, souffler dans les trompeurs, accorder tes vieux fils sur un violoncelle ! Chez nous, s’arrêter c’est se mettre en mouvement. Autour de toi, la peinture vole comme une robe de flamenco § le rouge s’est teinté de noir § tout le monde danse, décousu·es. Nous sommes toustes contorsionnistes, trapézistes et gymnastes – toustes révolutionnaires : t’inquiètes pas, on t’apprendra les pirouettes.

Tu avais les yeux tuméfiés, bleus / blancs / rouges. Tu avais la gorge sèche à force d’avaler du vent. Tu avais des fils, cousus aux poignets. Tu deviendras la CASSEUSE de leurs valeurs, parce qu’elles ont un prix. Tu seras l’UNIQUE et le COMMUN. Tu seras le cauchemar niché entre les plumes des coussins de soie. Toujours extensif, comme un gaz à travers des barreaux. Tu seras le couteau ensanglanté coincé entre toutes les mâchoires qui se serrent. PARTOUT. Debout face au souffle qui arrache nos larmes et nos droits.

Donne du sens à ton existence, dé-statufie la Liberté, deviens ARTISTE. Engage-toi.

Ton amour, notre RAGE.”

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