Cérémonie à huis clos pour annoncer toujours plus d’uniformes et de caméras de surveillance
Hier, le ministre de l’Intérieur, un homme d’extrême droite accusé de viol, manifestait devant la police avec les syndicats policiers «contre la justice» et les «contraintes de la Constitution». Des responsables du PS participaient avec lui à cette manifestation de la honte. Aujourd’hui, le même ministre débarquait à Nantes, accueilli en grande pompe par la mairie socialiste. L’occasion d’un festival répressif.
Dès midi, le centre-ville de Nantes militarisé, avec des dizaines de forces de l’ordre surarmées qui faisaient planer une ambiance anxiogène et incompréhensible pour la plupart des personnes, qui n’étaient pas au courant du déplacement ministériel. Des gendarmes avec des fusils d’assaut paradaient Place Royale, puis des agents bouclaient le quartier de la mairie et du commissariat. Place Graslin, une vingtaine de jeunes opposés à la venue de Darmanin improvisaient un cortège, mais étaient immédiatement bloqués par la police. De nombreux contrôles, avec prise en photo des papiers d’identité, étaient réalisés. Au moins 4 personnes ont été interpellées alors qu’elles tentaient de se rapprocher de la mairie.
Dans la mairie justement, les autorités ont mis en scène une «cérémonie» de «signature du contrat sécurité intégrée». Devant un parterre de journalistes sélectionné, le ministre d’extrême droite et la maire PS ont annoncé un déploiement encore plus fort de forces de répression à Nantes. Dans une mise en scène mortifère, le ministre annonçait 70 policiers nationaux en plus dans une ville qui asphyxie déjà sous la présence policière. En échange, «le ministère de l’Intérieur attendait un engagement plus fort de la municipalité nantaise». Johanna Rolland a obéi en annonçant 70 policiers municipaux de plus. Soit 140 uniformes supplémentaires à Nantes. «Depuis le quinquennat d’Emmanuel Macron, quelque 110 policiers nationaux supplémentaires sont arrivés dans la Cité des Ducs» a insisté Darmanin. Bientôt un flic pour 10 habitants ?
La vidéosurveillance va elle aussi être musclée. Le premier flic de France «a promis de débloquer des fonds supplémentaires pour agrandir le centre de supervision urbain», le lieu qui centralise les images de l’espionnage de la population. 30 caméras en plus vont être installées, soit près de 170 au total dans notre ville.
Où iront tous ces recrutements supplémentaires ? Directement dans les unités les plus répressives. Au commissariat, où était reçu le ministre, «on réclame l’embauche de policiers dans la CDI». La contestation sociale est explicitement visée par les syndicalistes policiers : «on attend qu’il prenne conscience de la problématique du maintien de l’ordre à Nantes. […] On a des services qui sont en souffrance, on a une CDI (Compagnie départementale d’intervention, NDLR) sous-dimensionnée alors qu’on sait qu’à Nantes les maintiens de l’ordre sont compliqués et très durs». Vœu exaucé, attendons-nous à voir encore plus de forces de répression contre les manifestations. Pour rappel, la Compagnie d’Intervention est la force de répression la plus violente. C’est la CDI qui a causé plusieurs mutilations de manifestants, notamment celle d’un lycéen de 17 ans dès 2007, ou plus récemment pendant les Gilets Jaunes. C’est la CDI qui est envoyée quand il faut frapper fort. C’est la CDI qui a chargé le soir de la fête de la musique 2019 en bord de Loire, aux cris de «sales gauchistes», causant la noyade du jeune Steve.
Clou du spectacle, le ministre Gerald Darmanin a décoré des policiers de cette compagnie et de la BAC au commissariat. Notons enfin la présence remarquée dans ce festival du procureur de Nantes, Pierre Sennès, celui qui réclame la répression judiciaire la plus dure pour les opposants et enterre toutes les affaires de violences policières ces dernières années. Sa présence démontre, s’il le fallait encore, la disparition de l’idée même de séparation des pouvoirs police/justice.