La semaine dernière, Lucie*, étudiante de 19 ans, a eu la mâchoire brisée par un tir policier dans la manifestation de solidarité à la Palestine à Paris. Elle a témoigné auprès du média Révolution Permanente de la répression subie.
«Il était important de manifester en soutien de la Palestine d’abord parce qu’il y a des manifestations immenses partout dans le monde pour soutenir les Palestiniens sous les bombes, en France aussi nous devons nous battre pour que les Palestiniens aient le droit de vivre en paix. Bien que Darmanin justifiait les interdictions de rassemblements par de potentiels troubles le rassemblement était pacifique […] C’est hallucinant que Darmanin diabolise autant ces rassemblements pour mieux les interdire alors que nous ne voulons que la paix en Palestine.
Sur place la répression est importante. «Il y avait un dispositif policier si important que la manifestation n’a même pas pu se tenir en cortège groupé, divers groupes ayant directement été dispersés par la police». Une répression qui va la frapper violemment. «On était au milieu des grenades qui volaient dans le ciel, des gaz, des centaines de personnes qui couraient pour fuir le canon à eau et d’un cordon de CRS à environ 20 mètres. Il était alors aux alentours de 16h30, j’étais avec 3 autres personnes dans la manifestation dont une amie à qui je disais tout juste qu’il fallait partir parce que ça devenait dangereux et sans avoir le temps de finir ma phrase, en quelques fractions de secondes, j’étais frappée d’un projectile de lacrymogène. Une équipe de Street Medics m’a directement prise en charge en m’emmenant dans un hall d’immeuble pour me mettre à l’abri, et seulement durant ces quelques secondes mes joues ont triplé de volume, les Medics ont rapidement appelé les pompiers».
«J’ai eu deux fractures de la mandibule (mâchoire inférieure et secteur denté), ce qui a nécessité de me visser des plaques en titane sur la mâchoire pour maintenir la structure osseuse fracturée. Et du sang n’arrêtait pas de couler de mon oreille droite, les médecins craignant une hémorragie interne qui aurait gravement mis ma vie en danger. J’avais extrêmement mal, les douleurs ont persisté plus de 4 jours sous de puissants médicaments qui m’ont complètement paralysée, je ne pouvais ni parler ni marcher, et je n’arrive toujours pas à marcher».
Une répression ultra-violente contre des manifestants pacifiques dont elle subit encore les effets mais qui n’entame pas sa détermination. «Je suis encore sous le choc traumatique et physique, je ne pourrai pas aller en manifestation ce week-end. Mais nous devons continuer à lutter pour la Palestine, et les interdictions de Darmanin ne doivent pas nous arrêter, il faut continuer de descendre dans la rue, de manifester et défendre la lutte du peuple palestinien contre l’État d’Israël».
* Le prénom a été modifié.