Dans l’est de la France, 7 écologistes jugés pour «association de malfaiteurs»
Ce mardi 1er juin a débuté à Bar-le-Duc le procès pour «association de malfaiteurs» de 7 opposant.es au projet gigantesque d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure.
Des centaines de personnes se regroupent devant le tribunal pour soutenir les accusé.es, avec slogans, banderoles, drapeaux. Le président du tribunal affirme qu’à l’intérieur, à l’audience, il ne faut pas de «spectacle», ni de «politique». La bonne hypocrisie des juges… tout procès est politique, les mises en accusation dépendent de choix politiques.
La défense agrémente la journée d’un coup de théâtre peu commun. Après la pause déjeuner, seuls 2 des 8 avocats de la défense sont présents, et aucun prévenu n’est revenu. C’est que toutes et tous sont allé.es à la manifestation «1, 2, 3, relaxe» qui défile dans les rues de Bar-le-Duc. L’audience ne peut reprendre que le lendemain. Le procureur s’étouffe.
Il faut dire qu’après 4 ans d’enquête et d’intrusion démesurée dans la vie privée des mis en cause, les prévenu.es pouvaient bien se saisir de ce moment de liberté pour aller à une manifestation.
L’instruction est ouverte pour des faits datant de 2017 : une action contre une «écothèque» de l’Andra, l’institution nucléaire, qui a causé quelques dégradations, des dégâts dans un hôtel-restaurant, et une manifestation au cours de laquelle des affrontements ont eu lieu entre policiers et manifestant.es. Il n’en fallait pas plus pour ouvrir une giga-instruction visant 11 personnes, avec des chefs d’accusation lourds comme l’association de malfaiteurs et le groupement en vue de commettre des violences et des dégradations.
L’affaire de l’hôtel-restaurant n’est pas reprochée aux prévenu.es, l’enquête n’ayant abouti à rien du tout.
- 7 personnes sont finalement sur le banc des accusé.es, 4 ont bénéficié d’un non-lieu.
- Toutes ont été perquisitionnées, géolocalisées, interdites d’entrer en contact les unes avec les autres.
- Pendant 4 ans, des dizaines de personnes ont été placées sous surveillance.
- 29 personnes et lieux ont été placées sur écoute permanente.
- Le dossier comporte plus de 16 ans de temps de communications.
- Plus de 1000 identifiants de téléphones ont été pompés par IMSI-catchers, y compris celle d’avocats
- 59 expertises informatiques, génétiques et techniques ont été réalisées.
- La DGSI est allée chercher certains scellés.
- Le dossier a été transmis à la police de Hambourg pour son enquête sur le contre-G7.
- L’avocat lui-même a été perquisitionné, tout son matériel informatique a été saisi. Dans le dossier figure des retranscriptions des échanges entre lui et ses clients. Il n’est finalement pas poursuivi.
- Le dossier fait 17.000 pages. L’instruction a coûté environ 1 million d’euros. Pour quelques dégradations et une manifestation non déclarée.
4 ans d’intrusion dans la vie privée. 4 ans de collecte de renseignements. 4 ans pendant lesquels la police et la justice manipulent la vie de dizaines de personnes. Ça valait bien, largement, le coup que les prévenu.es se permettent de sécher le procès pour aller en manif.
On attend la relaxe.
Suivi du procès sur Bure à cuire
Photos : Varina Delmas, Laury-Anne Cholez, presse locale