Des flèches contre des grenades, le gouvernement d’extrême droite impose une loi contre les peuples autochtones. Par notre correspondante Brésilienne :
Pendant plus de 16 jours, les indigènes de nombreuses tribus du Brésil ont manifesté dans plusieurs villes brésiliennes pour demander le retrait d’un projet de loi (PL490) qui selon les indigènes, est non seulement écocide, mais intensifie le génocide qu’ils et elles subissent depuis plus de 500 ans.
À Brasilia, la capitale, ces manifestations se sont soldées par du mépris et de la violence de la part des autorités brésiliennes. Le 22 juin, alors que le projet de loi allait être examiné, les manifestant.e.s ainsi que de rares député.e.s ont fait pression devant le parlement et ont été lourdement gazé, au point où les gaz lacrymogènes ont pénétré l’enceinte de l’hémicycle, rendant impossible la tenue du vote. L’examen de la PL490 est donc reportée au lendemain. Cette fois, les indigènes sont molesté.e.s par la police militaire et législative. Au moins 3 personnes ont été gravement blessées.
Un jeune de 26 ans du peuple Sapará, a été touché au torse, par des balles en caoutchouc, et au dos, par des débris de grenade. Une femme du peuple Guarani Kaiowá, a reçu des débris de grenade et s’est évanouie sur place. Un homme du peuple Xokleng, a également reçu des débris de grenade. Des dizaines d’autres indigènes ont souffert des attaques de la police. Certains ont agi en boucliers humains pour protéger leurs proches évanouis sous des tirs incessants de balles en caoutchouc, de grenade de désencerclement, et de gaz lacrymogènes. D’autres, auraient décidé de tirer des flèches et des pierres sur les policiers. Selon la chambre des députés, trois policiers auraient été touchés par des flèches, le premier l’aurait reçu dans le pied, le second dans le thorax, et le troisième dans la jambe.
On peut évidemment se demander comment il possible que la tenue des policiers protège suffisamment d’éventuels impacts de grenades, mais pas de simple flèches… On peut également se demander pourquoi aucun arc n’est visible sur les photos de la manifestation, rappelons que ceux-ci sont assez imposants et difficile à dissimuler. La loi PL490 rend encore plus difficile, voire quasiment impossible, la démarcation de nouvelles terres pour les indigènes, elle permet aussi à l’État de se saisir des terres déjà démarquées, (ce qui est contraire à la constitution brésilienne) si celles-ci représentent « un intérêt public ou national » autrement dit, un intérêt économique, pour l’exploitation agricole ou minière par exemple. Les seules réserves qui seront maintenues sont celles que les indigènes occupaient avant la constitution de 1988, c’est à dire, avant la fin de la dictature militaire fasciste. Ces zones étaient nettement plus rares qu’aujourd’hui, et cette occupation est très difficile à prouver plus de 30 ans après… C’est l’occasion parfaite d’en finir avec les réserves indigènes qui selon Bolsonaro freinent le développement économique et industriel du Brésil.
Cette proposition de loi qui a été adoptée le 23 juin, met en danger non seulement la pérennité des forêts brésilienne, la vie et la culture des peuples originels d’Amérique du Sud, mais aussi la survie à l’échelle mondiale de la biodiversité et la stabilité climatique. Une autre manifestation aura lieu le 30 juin pour faire pression sur la cour suprême.