Nantes : marée humaine sous la pluie contre le Pass Sanitaire


Récit


Fin juillet, averses ininterrompues, atmosphère morose. Aucun ingrédient n’est réuni ce samedi 24 juillet pour mettre du monde dans la rue. Et pourtant, à partir de 14h, ce sont des milliers de personnes qui se réunissent contre le Pass Sanitaire à Nantes, signe d’un mécontentement profond. Le cortège s’élance peu après dans une ambiance familiale, et va grossir au long de l’après-midi. Les autorités annonceront 4000 participants et participantes, c’est probablement le double.

Première étape : le CHU, des soignant-es sont acclamé-es et des slogans résonnent contre les sanctions promises par le gouvernement contre le personnel de santé. «Liberté», «Révolution» et «Le pass ne passera pas» sont les principaux mots d’ordres entendus toute la manif. Beaucoup de conducteurs klaxonnent pour montrer leur soutien à la manifestation.

Le cortège remonte vers la Place Graslin, sans présence policière. Tout le monde est déjà trempé. Quelques fumigènes crépitent, l’ambiance commence à se réchauffer, une amorce de cortège anticapitaliste se forme. Des affiches sont collées sur le parcours. Direction la Préfecture en passant par la rue du Calvaire. Là bas, un mur anti-émeute a été mis en place, avec un gros contingent policier, et la BAC armée jusqu’aux dents au grand complet. Le préfet se barricade plus fort à chaque manif.

Moment de confusion. Des individus qu’on croirait sortis d’une faille temporelle de plusieurs décennies tentent «la police avec nous». Où vivaient ces personnes ces dernières années ? D’autres groupes chantent des slogans anti-répression. Une partie de la foule entonne la Marseillaise, et c’est à ce moment là que le barrage policier envoie des dizaines de grenades. Panique et colère. Des flux et reflux auront lieu pendant une demie-heure, avec des salves nourries de grenades de désencerclement faisant des blessé-es, et des tirs de balles en caoutchouc. Un journaliste reçoit un tir de LBD dans l’objectif de son appareil photo.

Entre-temps, une altercation a eu lieu pour chasser un groupe de fascistes. Certain-es manifestant-es tentent de s’interposer, parfois sans comprendre la situation, sans saisir qu’on ne peut pas se battre contre un État autoritaire avec les partisans de régimes totalitaires, qu’on ne peut pas s’opposer à l’État policier avec les amis des tueurs de Steve. Les royalistes et intégristes d’extrême droite ne seront jamais les défenseurs des libertés.

Pendant que les tensions continuent, un cortège fait des barricades à la croisée des trams, et un autre entre dans la gare en arrivant par le sud. La gare envahie, un événement rarissime dans l’histoire des luttes locales. Les slogans résonnent dans le nouveau bâtiment. Les rails sont brièvement occupés dans une ambiance joviale, et le hall de la gare est évacué, le temps que la police arrive.

Nouveau moment de tension sur le parvis, avec deux arrestations très violentes et des tirs. Retour vers le centre-ville. Il reste quelques groupes déterminés malgré les averses. Ce qui reste de manifestant-es se retrouve sur le parvis d’Hôtel Dieu, où un espace d’échange aurait été salutaire si la météo l’avait permis.


Après cette mobilisation réussie, rendez-vous est pris pour le samedi suivant. Partout ailleurs, la journée a été aussi massive qu’à Nantes.


Images : NR, Estelle Ruiz, Suvann, Manu, Dylan Lalande, Jonquille, Marion Lopez, Leonprendesphotos.

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