Violences sexistes, féminicides et police : une file d’attente ou rien


Ce vendredi 23 juillet, Gérald Darmanin, s’est vanté d’une nouvelle mesure mise en place au commissariat d’Orléans pour les victimes de viol, violences conjugales ou intrafamiliales : une file d’attente spéciale identifiée par un cercle orange.


Le ridicule de cette mesure ne fait pas oublier que le silence règne toujours au sujet des policiers coupables de violences conjugales, et sur le fait qu’ils peuvent accueillir des victimes, prendre les plaintes (les refuser), auditionner et suivre les dossiers. Deux faits significatifs, loin d’être des cas isolés, révèlent une fois de plus les abus d’un système dans lequel les policiers sortent toujours protégés.

Le 4 mai 2021, à Mérignac, Chahinez Daoud est assassinée par son ex mari, devant son domicile. Le 39ème féminicide depuis le début de l’année. Ce drame avait fortement choqué les voisins qui avaient assistés impuissants à ce meurtre. Le mari était déjà connu de la justice pour des violences sur son ex femme. Schéma classique. Chahinez avait eu le larynx écrasé à 75%, mais son mari continuait à circuler dans le quartier. Il rôdait, menaçant, et possédait une arme à feu. Alors le 15 mars, Chahinez va porter plainte une énième fois au commissariat de Mérignac. 20 jours après elle est assassinée. A chaque fois la même question : que fait la police ? Depuis, Le Canard enchaîné à révélé que le policier qui avait pris la plainte venait lui-même d’être condamné en février pour violences conjugales : 8 mois de prison avec sursis. Et pourtant, sa hiérarchie l’autorisait à travailler et à prendre en charge Chahinez… ce qui conduira à sa mort.

Encore ce vendredi, le journal Marianne titre « Un major de gendarmerie sous le coup d’une enquête pour harcèlement sexuel ». En 2018 et 2019, un gendarme du Val de l’Oise a envoyé des centaines de messages à une femme qui était venue déposer plainte dans son commissariat et dont il suivait le dossier. Ce gendarme a délibérément abusé de sa fonction pour harceler la plaignante, allant même jusqu’au chantage concernant l’avancée de son dossier en échange de rapports sexuels. Des centaines de messages insistants et choquants qui ont poussé l’avocat de la femme à déposer plainte. Le gendarme a reconnu les faits mais n’a jamais été sanctionné.

Des violences parfaitement connues de la justice et du ministère de l’intérieur, comme le rappelle le livre édifiant de Sophie Boutboul coécrit avec Alizé Bernard : « Silence on cogne », aux éditions Grasset. Une véritable enquête de terrain sur les violences conjugales au sein de la police et de la gendarmerie. De trop nombreux exemples soulignent l’importance de ces violences qui conduisent à des féminicides, comme le 23 février 2020 où un policier de la bac a tiré sur son ex femme avec son arme de service. Ces violences sont favorisées par le sentiment de domination, et bien plus encore par le régime d’exception et la protection dont les policiers bénéficient.

Comment un policier qui frappe sa femme, condamné par la justice, peut il retourner travailler et s’occuper de victimes de violences ? C’est très simple : dans la majorité des cas un policier bénéfice de la non inscription de sa condamnation au casier judiciaire B2, ce qui lui permet de rester policier, et de conserver son arme de service. Son responsable hiérarchique, bien qu’informé de la situation, peut fermer les yeux. Ou si cela devient trop dérangeant simplement le muter dans une autre ville. Le ministère de l’intérieur se félicite d’une file d’attente qui ne changera rien mais n’a évidemment pas un seul mot sur ces violences et injustices d’une extrême gravité.


En même temps, le ministre de l’intérieur étant lui même coupable de viol, harcèlement, abus de confiance et le ministre de la justice sous enquête pour « prise illégale d’intérêts », il n’y a absolument rien à attendre du gouvernement.


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