Ce samedi 4 septembre devait être une grande manifestation musicale pour les libertés, avec des chars sonorisés, un mix entre un défilé revendicatif et une fête de rue.
À la manière des grandes manifestations contre la Loi de sécurité globale l’hiver dernier. Mais les autorités, en guerre permanente contre tout ce qui peut susciter joie et puissance collectives se sont organisées pour gâcher la fête. Résultat : ce n’était pas la manif la plus enthousiasmante.
Sous le soleil, le cortège s’élance rapidement. Le dispositif répressif est plus conséquent que durant l’été, avec une compagnie de Gendarmes Mobiles et même le déploiement d’un canon à eau. Le réseau de transports est bloqué «préventivement» dans tout le centre ville dès midi, une mesure ridicule et inutile qui pénalise toute la population. Sans musique et dans ces conditions, le défilé avance sans véritable objectif, en dehors de la Préfecture. Une teufeuse prononce un discours rappelant la répression délirante qui frappe les Free Party, en particulier dans l’ouest. Des affiches ornent le parcours. Des percussions improvisée donnent du rythme.
La partie réactionnaire de la manif, reléguée à l’arrière depuis des semaines, en profite régulièrement pour ralentir ou bloquer l’avancée. Il y aura quelques altercations. Un moment plus sympathique a lieu lorsque la manifestation s’engouffre dans le passage Pommeraye. Fin de partie au miroir d’eau, pour un nouvel «apéro sans pass». Globalement, la manifestation a été d’un calme plat, loin d’un quelconque rapport de force avec le pouvoir en place. Il y avait malgré tout, beaucoup de monde dans la rue, plusieurs milliers de personnes, et la présence de Gilets Jaunes, de familles, de syndicalistes. Une nouvelle «gazette des terrasses» a été distribuée, comme chaque samedi.
Le gouvernement est-il en train de gagner ? De fait, il a imposé son récit en décrivant des manifestations «antivax» et complotistes, alors que des centaines de milliers de personnes ont pris les rues tout l’été. En cela, il a bien été aidé par la gauche et l’extrême gauche, aux abonnés absents, laissant un boulevard aux récupérations d’extrême droite et aux discours confus.
Autre problème de taille : ce mouvement de masse est incapable d’entamer un bras de fer. Les Gilets Jaunes avaient bloqué le pays, pris des ronds-points, attaqué les lieux de pouvoir, barricadé les rues, résisté à la police. Depuis juillet, rien de notable, le mouvement s’est neutralisé, certains manifestants chantent même encore «la police avec nous». La partie n’est pas perdue, mais il faudra que ce mouvement contre le contrôle policier et numérique de nos vies trouve un second souffle s’il veut peser sur la situation.