Des mesures écocidaires pour lutter contre les effets du dérèglement climatique
Par notre correspondante franco-brésilienne
Au pays de la plus grande réserve d’eau douce du monde, le Brésil, on manque d’eau… Depuis 2020 le pays subit une sécheresse historique. C’est habituellement le Nordeste désertique qui en souffre, mais depuis une décennie ce sont les régions Sud, Sudeste et Centroeste qui sont de plus en plus atteintes. Ces régions sont aussi les plus peuplées.
Dans plusieurs municipalités, l’eau courante est rationnée, 60 heures d’eau, puis 30 heures sans. À Curitiba, ville rationnée depuis mars 2020, les pluies sont tellement rares, que les autorités locales ont adopté la technique de Dubaï pour faire pleuvoir. Des avions ensemenceurs de nuages survolent des endroits stratégiques autour de la métropole de 3,5 millions d’habitants. L’objectif est d’irriguer les réservoirs en eau douce.
L’agro-business n’est évidemment pas concerné par ces restrictions, alors qu’il consomme environ 72% de l’eau capté au Brésil en un an. Selon les autorités, il s’agit de protéger la sécurité alimentaire du pays, hors la majorité de la production des grandes exploitations est exporté ou sert à nourrir le bétail qui sera à son tour exporté. Même en temps de désastre, il est impensable de déranger l’agro-business… Ces pratiques agricoles extensives sont aussi à l’origine d’une grande pollution des sols et des eaux souterraines, ainsi que de la déforestation qui assèche l’air et modifie le cycle des pluies.
C’est un cercle vicieux. Le gouvernement fasciste n’entend pas changer ces pratiques, et au contraire les soutient avec de nouvelles lois qui rendent possible la préemption de terres indigènes au bénéfice de l’agro-business et des exploitations minières. Le manque d’eau affecte également les usines hydroélectriques. Pour pallier à cela, la décision à été d’augmenter la production des usines thermoélectrique qui consomme du gaz, du pétrole ou de la biomasse. En plus du coût écologique élevé, cette électricité est plus chère à produire et provoque une augmentation de 7% du prix de l’électricité pour les usagers et les industries.
C’est la population la plus pauvre, déjà très affectée par la pandémie et ses répercussions économiques, qui va en subir les conséquences. En effet, ce sont les produits de premières nécessités qui voient leur prix augmenter. Si, depuis la pandémie, l’insécurité alimentaire concerne 55% des brésiliennes et brésiliens, on peut évidemment craindre que la situation s’envenime dans les mois à venir.