La situation politique et sociale au Chili est incandescente depuis deux années sans interruption. C’est peut-être ce à quoi aurait pu ressembler le soulèvement des Gilets Jaunes s’il n’avait pas été abandonné dès le départ par les syndicats et la gauche française.
À l’automne 2019, un mouvement de protestation contre la hausse du prix des tickets de métro apparaît à Santiago, la capitale chilienne. Le gouvernement réprime extrêmement brutalement la contestation. Cette répression donne lieu à une riposte populaire massive : des émeutes éclatent, les villes se couvrent de barricades, et les syndicats chiliens appellent à la grève générale. Des millions de personnes sortent dans la rue en solidarité.
Le gouvernement néolibéral et autoritaire est mis en échec. Le Régime est en crise : le mouvement arrache de nombreuses concessions, notamment des augmentations de salaires, des protections sociales et un système de santé public qui avaient été détruits durant la dictature de Pinochet. Le mouvement obtient ensuite une réécriture de la Constitution du pays par une Assemblée Constituante. Mais les mobilisations massives et offensives se poursuivent sans relâche. Le pays reste engagé dans un climat insurrectionnel.
Ces derniers jours, la population célèbre les deux ans du soulèvement. Des lycéens ont commencé les manifestations en sautant par dessus les tourniquets des stations de métro sans payer – l’acte de résistance contre la hausse des prix des transports qui a déclenché les manifestations il y a deux ans. Des centaines de milliers de personnes ont de nouveau manifesté. De nombreuses personnes ont rendu hommage aux manifestants tués et éborgnés par la police. 12 000 personnes ont été blessées par la police, dont 460 au niveau des yeux, et l’œil bandé ou stylisé est devenu l’un des symboles de la protestation.