Opération anti-terroriste dans un collège basque : il s’agissait d’ouvriers qui priaient avant d’aller travailler

Alerte rouge, hier jeudi, dans un collège du Pays Basque. Deux hommes «suspects» se seraient introduits dans l’établissement scolaire de la commune de Saint-Pierre d’Irube. Immédiatement, le principal de l’établissement déclenche le «plan particulier de mise en sécurité». Les élèves sont confinés dans leur salle de classe. Une soixantaine de gendarmes débarquent sur les lieux, avec un escadron du PSIG – pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie. La police judiciaire de Bayonne est aussi sur les lieux. Des véhicules sont «neutralisés» par une équipe de démineurs, il y a des détonations.

«On a fait l’exercice, puis on nous a informé qu’il ne s’agissait pas d’un entraînement mais de deux personnes, qui aimaient la guerre, et qui étaient rentrée dans le collège» explique un élève. Une autre ajoute : «Ma voisine de classe a fait une crise d’angoisse, une autre a pleuré…» Cette intervention massive des forces de l’ordre a lieu au lendemain d’un exercice anti-intrusion, réalisé dans ce même établissement. Climat de peur chez les adolescents. Tous les élèves sont ensuite envoyés chez eux dans l’après-midi.

Les deux individus «suspects» identifiés par des «témoins» sont en fait deux ouvriers qui se rendaient sur un chantier, et qui priaient sur le parking avant de partir ensemble au travail. Le procureur de la République de Bayonne affirme qu’il n’y a eu aucune infraction pénale dans l’enceinte du collège. Les deux hommes ont été interrogés, ils attendaient un covoiturage sur le parking. Ils n’ont «pas d’antécédents judiciaires et sont inconnus des services de renseignement». «Il est démontré qu’aucun n’a pénétré de manière illicite dans l’établissement scolaire, à rebours des témoignages initiaux ayant motivé l’opération de sécurisation des lieux», conclut le parquet dans un communiqué.

La veille, les adolescents avaient déjà subi un stress avec un exercice «d’entraînement» en conditions réelles. Comment ne pas faire un lien entre ces manœuvres anxiogènes et la sur-interprétation des élèves à la vue de prières ? Cette affaire, finalement assez grotesque, décrit le climat actuel de la France : un pays infusé d’islamophobie qui considère à priori comme suspects des musulmans, désignés par un élève comme «des personnes qui aiment la guerre».


Un pays tétanisé par le climat antiterroriste qui entretient la méfiance et la peur depuis des années, et qui nous habitue à des opérations armées de forces de l’ordre partout et tout le temps.


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