Esprit Charlie : la police veut censurer un dessin de Charb, assassiné par les terroristes


Si ce dessin est retiré, alors la police française aura réussi ce que les terroristes n’ont pas obtenu : supprimer un dessin satirique


Cancel culture : la police française traque toutes les expressions qui pourraient la critiquer, voire même blaguer contre elle. État d’esprit des années 1930. Les syndicats de policiers tentent d’interdire des chansons, des slogans, des affiches anti-répression, et plus récemment une bouteille de jus dont le design reprenait des graffiti de lycéens, et notamment l’inscription «ACAB». La police avait obtenu le retrait en quelques heures de ces bouteilles des rayons de Monoprix.

À présent, le syndicat des Commissaires de la Police Nationale s’attaque à l’étiquette d’une bouteille de vin repérée dans un magasin à Nantes. Il tweete : «Cette bouteille est en rayon chez Carrefour City à #Nantes On y voit un dessin de #policier ivre, et la mention « le partenaire de mes bavures ». C’est une insulte à une profession, et indigne de cette enseigne» et interpelle l’entreprise Carrefour, qui s’empresse de lui répondre avec une soumission semblable à celle d’un paillasson.

Il existe donc des permanents syndicaux policiers, subventionnés, dont le travail consiste à traquer les produits «non conformes» à l’idéologie répressive dans les grandes surfaces.

Problème : cette étiquette a été dessinée par Charb, célèbre dessinateur de Charlie Hebdo, assassiné le 7 janvier 2015 par les djihadistes. En effet, ce vin est produit par un ami de l’ancienne équipe de l’hebdomadaire satirique : le vigneron Gérard Descrambe, de Saint-Sulpice-de-Faleyrens. Les dessinateurs de Charlie réalisaient depuis les années 1990 les étiquettes de ses bouteilles.

Un article du quotidien local Sud Ouest publié juste après les attentats donne la parole au vigneron : «J’ai déjà vu partir Reiser, Cavanna, maintenant Tignous, Wolinski, Charb, Cabu et les autres. C’est une grande partie de ma vie qui s’en va. Pendant des années, je montais le plus souvent possible pour participer aux bouclages et aux soirées qui suivaient». L’article poursuit : «En 1995, une étiquette était signée Charb. Un policier au gros nez rouge lève son verre de Barrail des Graves et clame : « Le partenaire de mes bavures ».  »Tout ça c’est ‘Charlie’. L’humour, c’est la forme ultime du désespoir »».

En effet, Charb, comme Siné ou Cabu, ont très souvent dénoncé les violences policières, et caricaturé, parfois férocement, la police et l’extrême droite. Pour les autorités, il y aurait donc les « bonnes » caricatures, celles qui se moquent de l’Islam, et des « mauvaises », celles qui visent la police et les puissants.

La police s’attaque donc à un dessin de Charlie Hebdo. Une étiquette réalisée par un homme qui, justement, a été assassiné pour ses dessins. Si cette étiquette est retiré, alors la police française aura réussi ce que les terroristes n’ont pas obtenu : supprimer un dessin satirique. Reste-t-il une différence entre la censure d’extrême droite, le totalitarisme des djihadistes et celle réclamée par les syndicats policiers ?


Jusqu’où ira le fascisme policier ? Cette nouvelle affaire a le mérite de poser la question.


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