L’État ne comprend que le rapport de force
Plus d’un an de lutte, de grèves et de manifestations. Plus d’un an qu’en Inde, le monde paysan avait mis en état de siège New Delhi. Aux frontières de la capitale indienne, les familles d’agriculteurs pauvres encerclaient la ville où elles vivaient dans des campements de fortune. Ces occupations devaient maintenir la pression sur le gouvernement. C’est chose faite. Il y a quelques jours, le premier ministre, Narendra Modi a annoncé l’abrogation de sa réforme agricole ultralibérale. Elle devait favoriser les géants de l’agro-buisness et les grands propriétaires terriens au détriment de la paysannerie. Mais le pouvoir a fini par céder.
Cette réforme voulue par le parti nationaliste hindou – le Bharatiya Janata Party – du premier ministre Modi et les tenants de l’industrie agro-alimentaire aurait fini par décimer celles et ceux qui essayent de vivre de l’agriculture paysanne. En Inde 70% de la population dépend du travail agricole. Ces lois les auraient condamnés à la misère éternelle.
Il aura donc fallu un mouvement de grève historique, la mobilisation de dizaines de millions de personnes, l’unification d’une centaine d’organisations paysannes, le soutien des syndicats et de la classe ouvrière pour défaire les libéraux et les nationalistes. Un échec cuisant pour les autorités qui avaient pourtant essayé de diviser le mouvement en tentant d’instrumentaliser les tensions inter-communautaires. Tentative qui n’a pas fonctionné.