Procédure judiciaire contre des artistes après une chanson contre les violences policières


Cancel culture


En France, la police a tous les droits : prendre une vie, mutiler, humilier, arrêter de façon arbitraire, obtenir toujours plus de moyens et de cadeaux. Elle a aussi le droit de faire taire celles et ceux, de plus en plus rares, qui la critiquent. Le ministère de l’Intérieur tente de poursuivre trois personnes qui ont chanté dans le morceau de rap «13’12 contre les violences policières».


Voici le communiqué des artistes qui ont participé au morceau :

« Face aux innombrables violences policières et en solidarité avec les victimes et familles de victimes de violences policières, nous sommes 33 rappeurs-ses à avoir élevé la voix pour les dénoncer dans un morceau mêlant colère et cris d’alerte sous la forme d’un clip intitulé

13’12 contre les violences policières, paru sur internet le 13/12/2020 à 13h12.

Plusieurs d’entre nous avons depuis lors fait l’objet de plaintes déposées à ce sujet par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et avons été auditionné.e.s par la police :

  • L’1consolable, accusé d’injure publique envers une administration publique. Extrait concerné : « […]Tous les keufs sont des raclures […]»
  • Billie Brelok, accusée d’injure publique envers une personne dépositaire de l’autorité publique. Extrait concerné : « Eh, Darmanin, check bien ton reflet dans les flaques de pisse de ta vie de chien à puces. Ce monde t’a échoué par le trou de balle. T’es qu’un frotteur de bus. Un pointeur de plus[…] »

Ces plaintes constituent une atteinte inacceptable à notre liberté d’expression, visant tant à invisibiliser les violences policières et la manière dont elle font système, qu’à criminaliser les voix qui s’élèvent pour les dénoncer.

Nos mots, nous les avons choisis, nous les avons pesés, nous les avons élus parmi d’autres pour dire notre colère, et c’est un choix sans marche-arrière. Nous ne sommes disposé.e.s ni à nous taire, ni à nous excuser.

Menacés d’une amende de 12000€ chacun, nous refusons de voir la liberté d’expression concédée en privilège à ceux qui auraient les moyens de se l’offrir. Il est inacceptable pour nous d’avoir à acheter nos propres paroles.

Mais plus encore de voir censurer et museler la dénonciation de l’abus de pouvoir exercé dans la violence policière systémique banalisée, comme dans la violence sexuelle normalisée -car il est aussi question de cela, dans la police comme ailleurs, et notre prise de position contre les violences policières est indissociable d’une prise de position anti-sexiste, mais aussi anti-raciste, anti-coloniale et anti-capitaliste.

Au cours des auditions nous avons appris que d’autres participant.e.s seraient convoqué.e.s pour être auditionné.e.s par la police à leur tour.

Notre but premier étant de soutenir financièrement les victimes et familles de victimes, le CD 13’12 contre les violences policières, dont les bénéfices des ventes leurs sont intégralement reversés avec l’aide de Désarmons-Les, est toujours disponible à la vente sur HelloAsso. Nous percevons donc aussi ces plaintes comme une offense indirecte de plus faite par M. Darmanin à ces victimes et leurs familles.

Le clip est toujours disponible en ligne ici :


Notre colère, son aplomb et sa détermination demeurent intacts. »


VII, Akeron, Aladoum, Assemblée des Blessés, Ben Akara (HPS), Billie Brelok, Démos (ACS), Désarmons-Les, Djamhellvice, E.One (Première Ligne), Erremsi, Fl-How, Gaiden, Kaïman Lanimal, Kimo (Libres Ratures), K.Oni, Lili (Crew Z.1.D), L’1consolable, Mod Efok, Monsieur M, Nada, Nodja, Ramata Dieng, Res Turner, Saïdou (Sidi Wacho), Saknes (La Jonction), Siren, Skalpel, Sly2, Source-media, Sticky Snake (L’Alerte Rouge), Temsis (ACS), Tideux, Turiano (HPS), Vies Volées, Ywill (La Jonction).

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