800 MILLIONS POUR LA POLICE JUSTE AVANT LES ÉLECTIONS


Primes et augmentations à gogo pour une profession déjà gavée de privilèges


Mercredi 2 mars, Gérald Darmanin a signé avec les syndicats de police un «protocole historique», selon le ministre : près de 800 millions d’euros sur cinq ans destiné à la revalorisation des carrières des forces de l’ordre. L’accord est inédit, puisque signé par l’ensemble des organisations syndicales. Il fait suite à plusieurs années de cadeaux, de primes et de privilèges offerts à la police.

Dans le détail, il s’agit d’une prime supplémentaire de 100 euros par mois pour «ceux qui sont exposés aux difficultés de la voie publique», le triplement de la prime de nuit, qui monte à 300 euros par mois, et l’augmentation de l’indemnité journalière d’absence temporaire pour les CRS. Explications : à chaque fois qu’un CRS sort de sa caserne, il touche une prime de déplacement en plus de son salaire, déjà confortable.

Concrètement, pour une manif le samedi, les CRS touchent déjà des heures supplémentaires, puisqu’en tant que fonctionnaires, ils ne travaillent normalement que du lundi au vendredi. En plus, ils touchent cette prime de déplacement ainsi que le paiement de leurs repas et de leurs hôtels. Libération avait compté que pour un seul samedi à réprimer une manif, un CRS pouvait toucher 190 euros de prime, en plus du salaire de base. Celui-ci était, avant les augmentations accordées par le gouvernement en 2018, de 1800 euros nets pour un CRS en tout début de carrière, et jusqu’à 4000 euros pour un gradé. Autrement dit, avec ces primes, un CRS de base débutant peut d’ores et déjà empocher quasiment 3000 euros par mois. Pour un flic, vous pouvez ajouter une «prime de risque» qui augmente le salaire de 10 à 30% selon les grades, une prime annuelle de 1 740 euros «Compensatoire pour Sujétions Spécifiques» et 988 euros pour «fidélisation en secteur difficile». Et des augmentations annuelles. Ou encore des «indemnités» qui complètent les salaires des commissaires : jusqu’à 3000 euros par mois. Mais ce n’est pas assez selon le gouvernement.

Avec ces nouvelles augmentations, le moindre flic bénéficie déjà quasiment d’un salaire de cadre, sans compter les innombrables privilèges de la fonction, par exemple tous les déplacements en train gratuits. De quoi faire rager les enseignant-es et les soignant-es, qui gagnent beaucoup moins pour des boulots réellement fatigants, utiles et déconsidérés. À titre de comparaison, une infirmière commence à 1400 euros et un prof gagne tout juste 1 700 euros par mois après 5 ans d’études et un concours difficile, à la suite duquel il est envoyé à des centaines de kilomètres de son lieu de vie. On se demande d’ailleurs comment ces professions ne sont pas encore entrées en révolte contre le gouvernement qui leur crache au visage chaque jour d’avantage.

En bref, cet accord de 800 millions d’euros présenté mercredi est lié au projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur – Lopmi –, qui sera présenté en Conseil des ministres le 16 mars. Du lourd : ce projet de loi doté de 15 milliards d’euros supplémentaires sur cinq ans, devrait être appliqué après les élections. Pour rappel, le gouvernement voulait privatiser les retraites pour un soi-disant «trou» de 10 milliards. Mais il est prêt à sortir beaucoup plus uniquement pour sa police, déjà suréquipée et bien payée. L’argent magique coule à flot.

Qui peut encore dire que les policiers sont «des travailleurs comme les autres» ou qu’ils «font partie du peuple» ? À quelques semaines des élections, le régime achète sa garde prétorienne en la couvrant d’argent frais et de nouvelles promesses alléchantes. S’il y a bien une profession dont le train de vie aura considérablement augmenté sous Macron, c’est bien celle de matraqueur.


Source : https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/police-darmanin-annonce-pres-de-800-millions-d-euros-pour-les-revalorisations-de-carrieres_2169026.html