Main arrachée lors d’une free party à Redon : classement sans suite !


La fête avait été organisée à Redon en hommage à Steve. Des centaines de grenades explosives avaient été tirées


À Redon, des centaines de grenade avaient été tirées.

Le 19 juin 2021, une Free Party est organisée à Redon, en Ille-et-Vilaine, pour rendre hommage à Steve au deuxième anniversaire de sa disparition. Un convoi de véhicules avec du matériel sonore est empêché de se rendre à l’endroit prévu et s’installe finalement dans un champ près de l’hippodrome de la petite ville bretonne. Pas moins de 500 gendarmes, sans doute plus nombreux que les teufeurs, donnent l’assaut. Dans la foule, des agents des services de renseignement infiltrés ont été déployés. Les moyens de répression sont colossaux. Il y a aussi une unité du GIGN : un dispositif digne d’une opération antiterro­riste.

Dans la nuit noire et près d’une rivière, les forces de l’ordre tirent 58 balles en caoutchouc, 1741 grenades lacrymogènes, 239 grenades explosives GM2L et de 24 grenades de désencerclement. À l’aveugle, sur des fêtards. «On a réussi à rentrer dans le champ, et là les gendarmes ont commencé à nous gazer vénère. D’abord juste les grenades [lacrymo­gènes]. Après ils ont commencé à tirer avec les LBD et lancer des grenades explosives dans le tas. Ils tiraient partout, sur tout le monde. Il y a eu plein de blessés» raconte une personne présente. «Des blessés, j’en ai vu 5 de mes propres yeux […] C’était la panique, tout le monde courait partout». La fête transformée en zone de guerre. «On leur a demandé d’arrêter les tirs pour évacuer mais rien à faire ils ont continué.»

Cette nuit-là un jeune de 22 ans a la main arrachée par une grenade explosive. Mutilé à vie pour avoir voulu danser. Bloqué par les cordons de gendarmes, il doit se rendre à l’hôpital par ses propres moyens malgré sa terrible blessure. Le lendemain les gendarmes bouclent la zone et empêchent les journalistes de couvrir l’événement. Les gendarmes attaquent à nouveau, et saccagent avec une extrême violence le matériel sonore : enceintes, tables de mixage, barnums, à coup de hache, de marteau et de matraque. La barbarie d’État contre une fête à Redon. Et tout cela deux ans après une charge mortelle lors d’une précédente fête de la musique, à Nantes, qui a coûté la vie au jeune Steve.

Un an a passé. Un jeune homme a vu sa vie bouleversée. Entre-temps une expertise confirme que c’est bien une grenade explosive GM2L qui a occasionné sa mutilation. Pourtant, ce samedi 12 mars, le procureur de Rennes, Philippe Astruc, annonce le classement sans suite de l’affaire. Une plainte pour violences volontaires aggravées, ayant entraîné une infirmité permanente ? Le parquet a retenu la légitime défense des gendarmes. Les centaines de grenades étaient «proportionnée». Il explique : «L’usage des armes par les forces de l’ordre s’est fait en riposte et s’est avéré proportionné» car les gendarmes avaient dû faire face à des «approches hostiles et violentes des “teufeurs” [qui] ont lancé des projectiles».

Concernant sa plainte pour non-assistance à personne en danger, puisque le blessé grave n’a pas pu être pris en charge et que même des pompiers ont protesté contre le barrage des gendarmes, mettant en danger la prise en charge des blessés : le procureur l’a également classée sans suite. «Est-ce admissible d’utiliser des grenades GM2L, en pleine nuit, de façon aussi massive, sur des jeunes venus faire la fête ? Cette question de la légitimité de l’usage de telles armes n’est absolument pas posée au cours de l’enquête», déplore l’avocat du mutilé de Redon, Stéphane Vallée.

Philippe Astruc, le procureur de Rennes, est également en charge de l’affaire de Steve. Il a aussi demandé des condamnations d’une extrême dureté contre des manifestants ou des teufeurs ces dernières années. Jusqu’à quand tolérerons-nous ces injustices d’une violence absolue ?


Un article de Médiapart à lire sur le sujet.

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