Ambiance carnaval, chansons et rigolade ce dimanche 20 mars à l’Ouest de Nantes. En bord de Loire, quartier Chantenay, la Métropole veut implanter une immense structure d’acier : un «arbre aux hérons» destiné à devenir une attraction touristique. Le prix du projet explose les plafonds prévus : près de 53 millions d’euros. Une partie d’argent public, une partie de « dons » privés : de riches mécènes peuvent faire défiscaliser leurs euros, c’est toujours l’argent public qui paie.
Les habitants et habitantes du quartier voient le prix de l’immobilier exploser, la population changer, les prix des produits courants devenir plus cher : c’est la gentrification. Et le projet hors de prix de cette attraction touristique va grandement amplifier le phénomène. Une fois l’installation implantée, l’idée est de construire des milliers de mètres carrés de commerces et de nouveaux logements inabordables dans cette ancienne zone ouvrière devenue «attractive» pour les promoteurs immobiliers.
Ce dimanche donc, une centaine d’habitant-es a défilé contre le projet de l’arbre en acier sur la butte Sainte-Anne, avant de descendre dans la carrière Miséry. Les déguisements étaient volontiers moqueurs, notamment des couronnes de lierres ornées de billets de banques, des percussions et un héron en papier mâché. Ce carnaval avait lieu à l’occasion de la sortie d’une «carte de désenvoûtement» vendue prix libre. Filant la métaphore, une participante parle «de désensorceler les esprits des promoteurs, des sponsors défiscalisés et des élus pris par le sort d’un projet insensé, d’un autre temps, s’acharnant à faire passer pour désirable un échafaudage de 1 500 tonnes d’acier…» Les participants expliquent : «La carrière Miséry est la tête de gondole de l’opération. Le projet de parc d’attractions vise à transformer Chantenay en quartier touristique. Il laissera la place aux gens friqués qui peuvent soutenir la flambée de l’immobilier.»
Quant aux dizaines de millions d’euros d’argent public prévus pour le projet : «Ce budget devrait plutôt aller à l’action sociale, au logement, à la santé. Mais pas au tourisme».