Le désert avance, créons des oasis


Le désastre est là, partout, sous nos yeux


À Nantes, il fait plus de 30°C à la mi-juin. Ces journées caniculaires ne sont qu’un avant-goût, le thermomètre montera à 40°C en fin de semaine, alors que nous ne sommes encore qu’au printemps. En Espagne ou dans le sud de la France, la chaleur est encore plus extrême. Mais dans l’Ouest, de telles canicules et sécheresses aussi précoces sont inédites. La végétation va changer. L’agriculture est en crise. Les prévisions de réchauffement climatique les plus pessimistes sont déjà largement dépassées.

Nous avons atteint un niveau de CO2 dans l’atmosphère jamais vu depuis 4 millions d’années. Selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), le niveau de dioxyde ce carbone dans l’air est 50% plus élevé qu’avant l’ère industrielle. Il est aujourd’hui «comparable» à ce qu’il était il y a «entre 4,1 et 4,5 millions d’années». À l’époque le niveau de la mer était de 5 à 25 mètres plus élevé, assez pour que de nombreuses grandes villes actuelles se trouvent sous l’eau. Et de larges forêts occupaient des régions de l’Arctique.

Le 12 juin, en fin de journée, la capitale du Mexique était recouverte d’un manteau blanc. D’énorme chutes de grêle ont formé une couche de glace sur la métropole. Des dizaines de centimètres de grêlons au sol et une baisse brutale des températures, alors que la veille, elles atteignaient les 30°C et les habitants sortaient torse-nu. Le violent orage n’a pas fait de victimes, mais a bien provoqué l’effondrement du toit d’un supermarché, et paralysé de nombreux axes. À Mexico les internautes et les médias s’amusaient de cette ambiance qui rappelait Noël au mois de juin.

«Les oiseaux ne parviennent plus à voler en raison des fortes chaleurs». Parmi le flot d’informations que nous recevons chaque jour, certaines sont particulièrement terrifiantes. En Inde et au Pakistan, la température dépasse les 50°C au mois de mai, une chaleur telle que les oiseaux tombent par dizaines au sol pendant leur migration. La chaleur foudroie les êtres vivants.

Au Texas, dans les grandes exploitations concentrationnaires de bétail, près de 10 000 vaches sont mortes d’un coup de chaleur. Là bas aussi, les températures avoisinent les 40° à l’ombre, avec une humidité relative importante, des nuits très chaudes et aucun arbre pour s’abriter. Les mammifères ne sont pas conçus pour y résister.

Dans les Pyrénées Atlantiques un épisode climatique extrême et considéré comme rarissime. Au milieu de la nuit dernière, la température est passée brutalement de 22°C à 37 °C. Une augmentation de 15°C à 2h du matin, avec un vent brûlant soufflant à 154 km/h. Les météorologues appellent ce phénomène «Heat burst», ou «effet sèche-cheveux». «C’est un peu comme si on ouvrait les portes d’un four» explique un spécialiste. Cela n’arrive, en principe, jamais en France. C’est une image du futur : un temps changeant brutalement et des bourrasques ardentes qui balaient un sol aride.


S’indigner quelques minutes devant la succession de nouvelles du cataclysme en cours ne suffit pas. Tout est là, il s’agit de prendre parti plutôt ou de rester spectateurs. «Devant l’évidence de la catastrophe il y a ceux qui s’indignent et ceux qui prennent acte, ceux qui dénoncent et ceux qui s’organisent. Nous sommes de ceux qui s’organisent». Si le désert avance, créons des oasis.


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