La bibliothèque Fahrenheit 451 chronique la revue Contre Attaque


Une chronique de notre dernière revue par la Bibliothèque Fahrenheit 451 que nous remercions. Voici leur texte :


«L’urgence permanente sert à faire tenir une société qui se disloque.» Nous voilà passé d’un régime d’urgence contre le terrorisme à la guerre contre la pandémie, puis à la guerre militaire à nos portes. «Le but de la politique n’est plus de mobiliser mais de démobiliser, plus de susciter l’adhésion mais la soumission, plus de provoquer l’action mais l’apathie.» Plus rien ne fonctionne, pas même l’organisation d’un match football, «parce que les arcanes du pouvoir ne sont peuplés que de managers stupides et autoritaires, qui compensent leur incompétence par leur mépris et la brutalité.» L’horizon se rétrécit, l’urgence est de le rouvrir. C’est pourquoi Nantes révoltée devient Contre Attaque, «contre-pouvoir ancré dans le réel».

Le dossier central de ce numéro est consacré au «meilleur des mondes» qu’on nous impose. «Le capitalisme mondial n’est plus qu’un régime de gestion de crise, un régime d’urgence, un régime de guerre.» «Les riches écraseront tout ce qui pourra faire obstacle à leurs profits. Ils nous conduisent avec eux, sans le moindre remord, vers le suicide collectif», comptant gérer le désastre «par un contrôle de la population inédit dans l’histoire, par le monopole de la vérité et le contrôle du récit», par une sécession par en haut. Exemples édifiants à l’appui, assortis d’encarts qui éclairent certaines notions (effet cliquet, progrès, confusion organisée et complotisme officiel, etc), il permet de saisir cette société qui se met en place sous nos yeux, sournoisement : dispositifs «sanitaires» utilisés de manière contre-insurrectionnelle, réduction des interactions humaines par une stratégie «sans contact», neutralisation de la plèbe, devenue aux yeux des riches inutile, dangereuse et obsolète, et fantasme de transhumanisme d’une partie de l’élite, manipulation au grand jour de la vérité par les gouvernements et accusation systématique de complotisme pour neutraliser toute critique, etc. La dystopie est déjà là. En quelques mois à peine, a été imposé tout ce qui paraissait impossible il y a peu, sans rencontrer trop de résistance. C’est édifiant et puissamment démonstratif.

Confronté à une menace de dissolution sous son ancien nom, Nantes révoltée, devenu Contre Attaque rappelle que la loi qui sur laquelle comptait s’appuyer le pouvoir fut votée sous le Front Populaire, le 18 juin 1936, pour mettre hors-jeu les groupes paramilitaires qui cherchaient à imposer par les armes une dictature fasciste, responsables des émeutes du 6 février 1934, de l’assassinat de Marx Dormoy, etc. Non seulement elle ne sera jamais retirée mais ses critères ne cesseront de s’élargir, comme toute mesure d’exception. Aujourd’hui, alors que les discours d’extrême-droite sont dominants dans les médias, c’est l’antifascisme qui est considéré comme une «menace pour la République». Cette construction d’un nouvel ennemi intérieur est renforcée par les états d’urgence successifs, la loi Avia et la loi dite de «sécurité globale» en 2020, la loi contre le «séparatisme» en 2021. Les médias, même critiques, n’ont rien à craindre car leurs propos sont noyés dans un océan de fake news, de propagande d’État et d’informations déprimantes. Ils demeurent impuissants, au contraire des «médias incarnés» qui s’engagent concrètement aux côtés des luttes et menacent l’ordre des choses.

Pour compléter le tableau, quelques pages tout aussi instructives sont consacrées au nucléaire, son origine (militaire), son actualité (toujours pré-apocalyptique malgré ses prétentions «vertes») : «L’industrie nucléaire est probablement le plus grand des chantages technocratiques de l’histoire humaine, la plus grande des dépossessions par les détenteurs d’un savoir spécialisé.» «Le nucléaire est une religion scientiste, une foi obscurantiste.»

Toujours aussi abondamment illustré de photos d’inscriptions murales et de banderoles, ce numéro consacre aussi une double page aux «héros et héroïnes qui ne portent pas de capes» (moines saboteurs d’antennes 5G, marin ukrainien sabordeur du yacht de son patron russe, etc), une autre aux dernières «trouvailles» du capitalisme, une page aux «ripostes féministes», etc.

Oui, Contre Attaque est un média incarné et, à ce titre, indispensable. «L’urgence permanente sert à faire tenir une société qui se disloque. Sauf si nous renversons la table.»

CONTRE ATTAQUE #1 (revue)
Collectif
68 pages – 4 euros
Éditions Nantes Révoltée – Nantes – Été 2022
À commander ici : contre-attaque.net/boutique-test/contre-attaque-n1/


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