Esthétique du désastre
Ce vendredi 15 juillet au matin, la Gironde fait face au plus grand incendie de son histoire. En moins de 48h, 7 500 hectares de forêt ont été détruits. Plus que la superficie totale de grandes villes comme Nantes ou Bordeaux. Le feu n’est toujours pas fixé. Nous ne sommes qu’au début de l’été, sur une côte Atlantique tempérée.
11.000 personnes on été évacuées. Deux maisons se sont consumé. Des centaines de pompiers sont mobilisés. Les flammes ont embrasé le petit port touristique de Cazaux.
Un tiers de la forêt de Teste a brûlé. Cette forêt qui s’étend en bas de la dune du Pilat est vieille de 2000 ans. Le réchauffement climatique et ses conséquences sont en train de modifier profondément les écosystèmes et les paysages.
Dans ce désastre, une forme de contemplation. Des photos sur Instagram montrent des poses en haut de la dune du Pilat sur fond d’incendie, la presse dévoile un superbe coucher de soleil sur un port et la nature qui s’embrase, ou encore des vacanciers sur une plage devant un énorme panache de fumée. «L’humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre» écrivait Walter Benjamin. La fin du monde sera “instagrammable”.
Don’t look up. Le bateau coule, mais il reste du champagne à bord.
Images : Mathieu Cavada, Sud Ouest, Flo Alzay, Dominique de Witte