Dystopie réelle : le robot tueur

Il y a quelques années, la firme américaine Boston Dynamics lançait un «robot chien» de couleur jaune vif baptisé SPOT. L’invention, présentée comme sympathique, faisait le tour des réseaux sociaux. Le robot autonome à l’allure d’un canidé dansait en rythme sur de la musique. Il était obligatoire de trouver cette innovation «sympa» et «cool». Les grincheux qui annonçaient une future utilisation militaire d’un tel robot étaient traités de paranoïaques et de complotistes.

À présent, le robot est équipé d’un fusil d’assaut et tire sur des cibles de façon autonome. Une vidéo probablement prise l’hiver dernier montre cette invention en action. La question n’est donc pas de savoir s’il tuera des humains, mais quand, et quel pays sera le premier à envoyer ce robot tueur sur un théâtre de guerre. Une autre firme, l’entreprise américaine Ghost Robotics a déjà publié les photos d’un chien robot similaire baptisé SPUR équipé d’une arme à feu. Maintenant que le marché est ouvert, ce sera la surenchère.

Le 9 décembre 2020, les élus socialistes branchés et sympas de Nantes métropole avaient déployé le robot SPOT au cœur de Nantes, dans le cadre d’un partenariat avec une «start-up» du numérique. L’idée était de valoriser «des solutions logicielles intelligentes pour différents robots».

À l’époque, SPOT était vanté pour «réaliser des missions d’inspection, de détection ou de collecte de données, notamment dans des environnements déstructurés, difficiles d’accès ou dangereux pour les humains» expliquaient ses concepteurs. On retrouve ainsi SPOT dans de nombreuses centrales nucléaires, inspectant les zones interdites d’accès aux humains.

Ce n’était donc pas si «cool» ni «innovant» : la première mission du robot chien était déjà la surveillance et la «reconnaissance» en terrain hostile. D’ailleurs, dès le mois de mai 2020, des modèles de cet automate patrouillait dans un parc de Singapour pour faire «respecter la distanciation sociale» dans le cadre de la pandémie. Le chien jaune diffusait un message sur les «gestes barrières» et interdisait aux humains de s’approcher, puisqu’il est doté d’une caméra capable d’évaluer le nombre de visiteurs dans le parc et la distance entre les personnes.


Il est donc désormais conçu et équipé pour tuer. La dystopie est là. Est-il encore possible de stopper la course au «progrès» mortifère du capitalisme en crise ? La révolution est un «frein d’urgence» écrivait Walter Benjamin il y a quasiment un siècle.


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