Préfecture de Paris : Laurent Nuñez remplace Didier Lallement


Vous avez aimé l’ancien préfet ? Vous allez adorer le nouveau !


Portraits de Laurent Nuñez et Didier Lallement

Ce mercredi 20 juillet, le sinistre Préfet de Paris rendait sa casquette et quittait sa fonction. Pendant 3 ans il a été chargé par Macron de maintenir l’ordre dans la capitale, avec une brutalité inouïe. Certains se félicitent de son départ, mais ils ne se doutent pas que son remplaçant, Laurent Nuñez, est au moins aussi terrible. On passe en revue le pedigree de l’ancien préfet et du nouveau maître de la police parisienne.

DIDIER LALLEMENT

Mercredi, il ânonnait qu’il quittait la préfecture «avec la fierté du devoir accompli». Quel devoir ? Une besogne de massacreur des Gilets Jaunes.

L’histoire de France est peuplée de fonctionnaires prêts à exécuter les pires sévices avec zèle. Didier Lallement, visage chafouin et regard inquiétant, est de ceux-là. Issu des rangs de la gauche chevènementiste, il grimpe les échelons de l’appareil d’État français en tant que directeur de l’ad­ministration pénitentiaire. Lorsqu’il est en charge des prisons il crée une unité paramilitaire destinée à mater les enfermés : les ERIS – Équipes Régionales d’Intervention et de Sécurité. Ces forces d’élite, formées par le GIGN, sont équipées de fusils d’assaut mais aussi de tout l’arsenal du maintien de l’ordre pour tirer sur les détenus en cas de mutinerie dans les zones grises de la République.

Didier Lallement fait ensuite carrière en tant que préfet. Il s’illustre par une répression particulièrement sanglante dès les premières semaines du mouvement des Gilets Jaunes en Gironde. Lors de son arrivée à Bordeaux, le maire de la ville, Alain Juppé, avait appelé un de ses amis, ancien ministre, et lui avait demandé : «dis donc, il paraît qu’on m’envoie un nazi ?». À Bordeaux, Didier Lallement lance à l’un de ses commissaires : «Vous allez finir sur un croc de boucher» lors d’une réunion. Quelques semaines plus tard, il est propulsé Préfet de Paris pour écraser les Gilets Jaunes. Il déploie dès lors des troupes motorisées de choc, aux tenues anthracite et cagoules noires dans la Ville Lumière, contre les manifestations, les soirs de match ou à la moindre liesse populaire : la bien mal nommée BRAV.

Didier Lallement incarne à lui seul toute la militarisation du maintien de l’ordre. Il déclare au journal Le Monde «je suis fana-mili», fait graver l’insigne de la Légion Étrangère sur sa moto, et pose avec la tenue et l’insigne des BRAV devant les médias. C’est lui qui demandera aux forces de l’ordre «d’impacter» les groupes, à tel point qu’un gradé dans les propres rangs de la gendarmerie dénoncera anonymement des consignes illégales. Comme tous les traîtres venus de la gauche, il déploie une passion particulière dans sa violences répressive. Amateur de références historiques, il dit à propos des Gilets Jaunes : «Pour se prendre pour Jules Vallès, il faut avoir son Galliffet». Gaston de Gallifet est un général surnommé le «Massacreur de la Commune», qui a le sang de milliers d’insurgés parisiens sur les mains. Il est connu pour avoir mitraillé arbitrairement de nombreux prisonnier. Un modèle pour Lallement.

«Nous ne sommes pas dans le même camp» avait aboyé le préfet à une passante Gilet Jaune le 16 novembre 2019. Le préposé à la répression parisienne se considère en guerre. Comme lorsqu’il déclarait lors de sa prise de fonction : «Je suis là pour protéger le président». Il ne s’agit même plus «d’ordre républicain», mais de protéger un clan détesté. En 2021, le gouvernement dévoile son nouveau «schéma na­tional du maintien de l’ordre» qui entérine a posteriori les pratiques menées les années précédentes par Didier Lallement. Le 14 juillet 2021, le massacreur des Gilets Jaunes recevait la légion d’honneur. Un an plus tard, il terminait sa mission en interdisant une manifestation Place de la Bastille.

LAURENT NUÑEZ

«Ce n’est pas parce qu’une main a été arrachée, parce qu’un œil a été éborgné que la violence est illégale.» Laurent Nuñez, 2 juin 2019.

Si Darmanin et Castaner sont les ministres de l’Intérieur qui s’agitent médiatiquement, c’est Laurent Nuñez le véritable chef de la police française depuis des années. Haut fonctionnaire, issu de l’ENA, ancien patron de la DGSI, la police politique, celle qui élimine et surveille les opposants, ancien préfet. Il connaît par cœur les rouages de la répression et ses réseaux. Bien mieux que les politiciens.

Nuñez est Préfet des Bouches du Rhône en 2016. Des militants CGT tentent de bloquer une raffinerie à Fos-sur-Mer pour protester contre la loi Travail. Ils sont chargés sans sommation par les CRS. À l’époque les syndicalistes choqués disent avoir assisté à des «scènes de guerre». «Ils ont gazé, on s’est fait tirer dessus au flash-ball et ils ont arrosé tout le monde au canon à eau» rapporte alors le secrétaire général de l’union départementale de la CGT précisant qu’il y avait des blessés.

Un an plus tôt, Laurent Nuñez est impliqué dans ce qui sera le scandale des Uber files. À l’époque les chauffeurs de taxi se mobilisent contre Uber. L’application est interdite dans plusieurs villes, notamment Marseille. Le lobbyiste d’Uber contacte Macron, ministre de l’économie : «Monsieur le Ministre, nous sommes consternés par l’arrêté préfectoral à Marseille». Macron répond «s’en occuper personnellement». L’arrêté est suspendu quelques jours plus tard.

En juin 2017, Nuñez est nommé Directeur Général à la Sécurité Intérieure, un poste clé disposant de tous les réseaux d’information et de surveillance, puis secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur.

En juin 2019, Nuñez est interrogé par la chaîne LCI à propos des violences policières contre les Gilets Jaunes. Il répond : «pas de regrets», «pas d’excuses», «pas de mauvaises tactiques». Il déclare aussi qu’«il est hors de question de revenir sur le Lanceur de Balles de Défense», ces fusils qui tirent des balles en caoutchouc et ont mutilé à vie des dizaines de Gilets Jaunes. Dans la même interview, le secrétaire d’État déclare que les policiers ont «sauvé la République». Le Régime n’a tenu que par la répression.

Sur le plan judiciaire, Laurent Nuñez assure une impunité totale aux policiers tireurs : «Le ministère fera systématiquement appel des condamnations. Les policiers bénéficient, quand ils sont dans le cadre de leur fonction de la protection fonctionnelle, du bénéfice d’avocats. Bien évidemment nous allons accompagner ces policiers en procédure (…) Nous irons au bout».

En 2020, il est nommé coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, poste qu’il occupait, jusqu’à sa prise de fonction en tant que Préfet de Paris.

Nuñez est maintenant en première ligne, à la tête d’un véritable État dans l’État, la Préfecture de Paris, poste politique et stratégique important du régime en place.


L’exalté militariste Lallement est parti, mais il n’est pas sûr que Nuñez le technocrate policier froid et méticuleux soit moins terrifiant.


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