Les grands moyens pour éteindre les révoltes, mais pas les incendies
«À l’heure où je vous parle, on n’a pas les avions qu’on devrait avoir» protestait le porte-parole du Syndicat national du personnel navigant de l’aéronautique civile alors que le feu dévorait des milliers d’hectares en Gironde.
Un Canadair peut emporter environ 6.000 litres d’eau, un avion Dash a une capacité de 10.000 litres. En principe, la France possède 12 Canadairs et 6 Dash. Déjà insuffisant pour faire face à l’augmentation des feux sur fond de chaos climatique qui s’accélère. Sauf que la sécurité civile signale qu’un «avion est en manque de moteur depuis un mois» et «des dépannages qui devraient prendre 2-3 heures en prennent 5 ou 6», «des avions tombent en panne plusieurs jours de suite». Les moyens manquent en plein été ! «Sur les 12 canadairs, quatre étaient indisponibles et sur les Dash, seuls cinq le sont, puisque le sixième est en panne récurrente.»
Ce constat lamentable n’est pas nouveau, c’est «une situation qui est dénoncée depuis plusieurs années» selon un ancien pilote. «Les plus vieux avions datent de 1995. Les Trackers auraient dû être retirés du service en 2008». L’État français a considérablement aggravé la situation en ne fournissant pas les moyens nécessaires pour lutter contre les incendies. Et à l’arrivée, ce sont les forêts qui trinquent, l’écosystème qui souffre, les populations qui sont en danger.
De l’autre côté, l’État français vient de commander 90 blindés militaires flambants neufs pour que la gendarmerie puisse réprimer encore plus fort la colère sociale. Une dépense de près de 60 millions d’euros. Ces nouveaux blindés sont équipés de mitrailleuses, d’engins permettant de tirer 60 grenades d’un coup, de matériel de surveillance et d’écoute de pointe. À cet achat s’ajoutent les nouveaux véhicules SUV de la police pour des dizaines de millions d’euros, les commandes de grenades, de drones, de fusils à munitions de marquage chimique, l’augmentation du budget de la sécurité de plusieurs milliards d’euros, les recrutements de masse dans la police…
On le savait, c’est encore une fois confirmé. Même quand la maison brûle, nos vies et nos espaces de vie ne valent rien pour les puissants. Pour les hôpitaux ou la lutte contre les incendies, toutes les économies sont bonnes, quitte à nous mettre en danger. Mais les moyens sont illimités pour nous faire tenir à notre place.