Le gouvernement anglais fracasse le droit de grève : bientôt en France ?


En Angleterre, les entreprises pourront embaucher des précaires lors de jours de grève, une pratique patronale du 19ème siècle.


Des bobbies, les flics qui empêchent les travailleurs de faire grève en Angleterre

C’était au début de l’été. Une grève massive touchait l’Angleterre, sur fond d’inflation record et de crise politique. Le 21 juin, des centaines de lignes ferroviaires étaient totalement fermées et 80% des trains à l’arrêt. Le pays n’en avait pas connu de telle ampleur dans le secteur depuis 30 ans. Plus de 40.000 salariés des chemins de fer s’étaient mis en grève contre des suppressions de postes et pour une hausse des salaires au même niveau que l’inflation. En parallèle, quelques 10.000 travailleurs du métro de Londres avaient aussi arrêté le travail pour défendre leurs retraites et contre les suppressions d’emploi.

Un mois a passé. Et le gouvernement conservateur anglais riposte avec une violence symbolique inédite. Le 21 juillet, le «secrétaire d’Etat au Business et à l’énergie» – tout un programme ! – annonçait : «Aujourd’hui, nous avons modifié la loi pour permettre aux entreprises touchées par une grève d’embaucher des travailleurs temporaires qualifiés afin d’atténuer les perturbations. C’était une infraction pénale. C’est maintenant une option pour les entreprises. Nous ne laisserons pas les syndicats paralyser notre économie.»

En clair, le pouvoir britannique a abrogé les lois sur les syndicats qui interdisaient aux entreprises de faire appel à du personnel temporaire pour remplacer les travailleurs en grève. La modification de la loi s’appliquera à l’Angleterre, à l’Écosse et au Pays de Galles. Embaucher des précaires lors de jours de grève est une pratique patronale du 19ème siècle : on appelle cela des «briseurs de grève» ou des «jaunes». Utiliser des pauvres non grévistes pour empêcher d’autres pauvres d’obtenir des droits.

Le Congrès des syndicats écossais (STUC) a qualifié les changements de «dangereux et anti-démocratiques», un syndicaliste a déclaré : «En fait, ils veulent rendre plus difficile pour les gens de défendre leur niveau de vie.»

Dans le monde entier, les plus pauvres s’appauvrissent, les prix explosent, les salaires stagnent, les conditions de travail sont de plus en plus précaires. Face à cela, les gouvernants se radicalisent et anticipent : en Angleterre, le moyen même de protester est détruit par avance ! Le pays qui a inventé le libéralisme, le travail en usine, celui de Thacther et de Tony Blair reste à l’avant garde de la violence sociale.

Mais ne nous trompons pas, le Royaume-Uni ouvre la voie en rendant la grève inefficace. Cela fait des années que la droite française réclame les mêmes mesures. Sarkozy a même inventé la loi sur le «service minimum» dans les services publics. Il est probable que Macron veuille aller bien plus loin, si la colère sociale se réveille. Les médias des milliardaires préparent le terrain depuis des années en parlant de «prise d’otage» à chaque mobilisation. Pourtant, seul le rapport de force est entendu par les puissants. Et la grève est, en principe, un droit constitutionnel.

Pour combattre la bourgeoisie et arracher des droits, il ne restera que les moyens d’actions dont disposent les classes populaires. Comme lors des Gilets Jaunes, le blocage et le sabotage seront bientôt la seule solution pour les faire plier.


Une source : https://news.stv.tv/world/strike-breaking-law-allowing-agency-staff-to-cover-workers-brought-in-by-uk-government

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