Il n’a jamais fait aussi sec en France, depuis le début des relevés météo en 1959. Les scénarios les plus alarmistes qui imaginaient des rationnements d’eau pour les prochaines décennies étaient très en retard. Des coupures d’eau potable auront probablement lieu dès cette année. Le désastre est là. Quelques chiffres :
Cause de la sécheresse : le cumul mensuel de précipitations à l’échelle de la France est le plus bas jamais mesuré depuis 1959. En moyenne, sur le pays, il s’élève à 7,8 mm d’eau sur tout le mois de juillet. Autrement dit un déficit de 88% par rapport à ce qui aurait été nécessaire selon le ministre de l’écologie.
Cette sécheresse se voit depuis l’espace. La France a pris une couleur ocre, y compris la Bretagne, pluvieuse même en été d’habitude. Cette année, fin juillet, la France a déjà traversé 3 épisodes caniculaires et explosé tous les records de températures maximales. Il fait à nouveau plus de 40°C sur une partie du pays sur un sol extrêmement sec.
À Nantes il est tombé 11 mm de pluie en juillet 2022. Les précipitations habituelles à Nantes en juillet sont de 45 mm. Une baisse de 75% par rapport à la moyenne des autres mois de juillet. Les cours d’eau souffrent. L’Erdre, trop chaude, est remplie de cyanobactéries très toxiques.
Situation encore plus grave dans le reste de la Bretagne et en Auvergne, où le déficit est proche de 95% ! En Bretagne, 2,9mm de précipitations, autant dire rien, contre 50mm pour un mois de juillet moyen. La Bretagne et les Pays-de-la-Loire constituent l’une des premières zones agricoles de France.
Il n’a pas plu du mois en région PACA et en Corse. Pas de précipitations. En moyenne «en plaine», Météo France a recensé 3 jours de pluie en un mois.
93 départements sont classés en alerte sécheresse par les autorités, la quasi totalité de la France métropolitaine. La plupart sont en alerte «crise», le seuil maximal.
Les risques de coupure d’eau potable sont réels, notamment à St Malo où les autorités sonnent l’alarme. Le niveau des nappes phréatiques en Bretagne est critique. Les cours d’eau français sont presque tous en alerte.
La France est particulièrement mal préparée face à la sécheresse : toute l’industrie nucléaire dépend de l’eau, nécessité absolue pour refroidir les réacteurs. De nombreuses centrales doivent être arrêtées lorsque l’eau des rivières est trop chaude ou en quantité insuffisante. Le nucléaire est donc une menace supplémentaire gravissime dans le cadre du réchauffement climatique et de la sécheresse.
Cette sécheresse implique moins de récoltes, donc moins de nourriture, et une hausse des prix de l’alimentation. Mais aussi moins de fourrage pour l’élevage. La production de fourrage a baissé de 21%. Se passer de viande sera une nécessité pour tout le monde.
Nous y sommes. Maintenant, il y a un scénario pessimiste, celui du chacun pour soi, avec des crises de l’eau, des rationnements, des ruées sur les bouteilles d’eau minérale dans les supermarchés, des crises alimentaires, une police toujours plus violente qui fait tenir l’édifice qui s’effondre, et des riches qui spéculent bien à l’abri. Et un scénario optimiste : celui dans lequel la population s’organise, renverse le capitalisme et partage équitablement les richesses nécessaires selon les besoins de chacun et chacune tout en respectant l’écosystème. À nous de choisir.