Il y a 81 ans : la naissance de la Police Nationale


Histoire : aux origines de la police, le Régime de Vichy


Il y a 81 ans jour pour jour, la Police Nationale naissait sous le Régime de Vichy, par décret du Maréchal Pétain. Jusqu’ici, il n’y avait pas de force de police unifiée en France, mais des polices municipales. La Direction générale de la Police Française est alors créée et rattachée au ministère de l’intérieur.

La police est divisée en 3 catégories : la Police Judiciaire, les Renseignements généraux et la Sécurité publique.

C’est aussi la création des GMR, les Groupes Mobiles de Réserve, spécialement chargés de la répression et du maintien de l’ordre. Ils seront renommés CRS à la Libération.

Le 19 avril 1942, c’est le collaborationniste et antisémite forcené René Bousquet qui est nommé secrétaire général de la police. Les moyens alloués à cette nouvelle police Française sont exceptionnels. Les salaires sont revalorisés, les uniformes sont inspirés de ceux portés par les SS, des écoles de police sont crées dans chaque région, des affiches du régime vantent une police «jeune, moderne, sportive».

Les 16 et 17 juillet 1942, des milliers de policiers français raflent plus de 13 000 juifs, hommes, femmes et enfants, pour les charger dans des trains en direction des camps de la mort, pour faire plaisir aux Nazis. Moins d’une centaine d’adultes en reviendront, et aucun enfant.

Les Groupes Mobiles de Réserve sont utilisés pour pour constituer des pelotons d’exécution de résistants, ou pour attaquer les maquis. Ils sont déployés contre le maquis du plateau des Glières : 3000 Gardes, GMR et Miliciens contre 500 résistants. L’opération est un échec. D’autres attaques auront lieu, notamment dans le Limousin.

Après guerre, il n’y aura pas vraiment d’épuration dans la police, même si évidemment les missions ne sont officiellement plus les mêmes. D’ailleurs, la structure de la Police Nationale ne changera pas et reste aujourd’hui encore presque identique. Ce seront les mêmes hauts responsables qui donneront l’ordre d’écraser les grèves d’après guerre, ou de terroriser les algériens indépendantistes, notamment lors du massacre du 17 octobre 1961 : des centaines de manifestants sont jetés dans la Seine sur ordre du préfet Papon, ancien collabo.

L’arsenal répressif a bien évolué depuis 1941. Même si les CRS tiraient parfois à balles réelles dans l’après guerre, ils étaient mal protégés et peu équipés : un bouclier rond, une petite matraque et un imperméable. Il n’était pas rare que des groupes de grévistes bien déterminés les mettent en déroute, et parfois les dépouillent. En 1947, en 1955 ou en 1968, les manifestants mènent vraiment la vie dure aux CRS, bien plus qu’aujourd’hui.

Aujourd’hui, les forces de l’ordre ont des protections quasiment militaires, et des moyens de surveillance infiniment plus puissants. Depuis les années 1990, la police utilise de nouvelles gammes d’armes prétendument non létales : balles en caoutchouc, armes électriques, grenades de désencerclement, qui causent de nombreuses mutilations et des morts. Leur objectif est de terroriser. Les policiers disposent également de fusil d’assaut, des armes de guerre désormais présents aux abords des manifestations ou dégainés contre des véhicules de civils.

81 ans après la création de l’institution, l’écrasante majorité des policiers votent pour des candidats fascistes. Des scandales éclatent régulièrement à propos de paroles racistes voire néo-nazies tenues par des policiers. Les agents sont systématiquement protégés par leur hiérarchie, et de plus en plus armés. Le président réhabilite Pétain, et l’extrême droite s’arme et se prépare à la guerre. Les leçons de l’histoire n’ont jamais été tirées.


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