Incendies : non-assistance à forêts en danger


Suppressions de postes massives, management brutal et suicides à l’Office National des Forêts


En image de fond : l'une des nombreuses forêts calcinées en cette période d'incendies.

Après un long silence, alors que la France est en proie a des incendies sans précédent, Macron a annoncé qu’il fallait «réfléchir au modèle de prévention et de lutte contre les incendies». Bref, il a brassé du vent, alors que 50.000 hectares sont déjà partis en fumée. Quand les flammes sont là, il faut des pompiers, qui sont déjà sous-équipés. Mais sur le long terme, il faut prendre soin de la forêt pour prévenir les incendies. Sauf que les gouvernements néolibéraux saccagent méthodiquement l’Office National des Forêts, structure publique qui gère 11 millions d’hectares de forêts, et dont la mission est de prévenir les risques :

En 2021 le gouvernement annonce la suppression de près de 500 postes d’agents de l’Office National des Forêts dans les cinq ans. Les effectifs n’ont pas cessé de diminuer auparavant : l’ONF comptait 12.000 agents au début des années 2000, il n’y en avait plus que 8.400 au moment de cette annonce. Les syndicats dénonçaient alors une décision qui allait «amplifier gravement la dégradation des conditions de travail et porter atteinte à la santé des personnels».

En plus des suppressions de postes, Macron envisage carrément de privatiser l’office, en confiant la gestion des forêts communales à des prestataires privés et de supprimer la consultation de l’ONF en cas de défrichement. Mais «selon les travailleurs forestiers, une gestion durable de la forêt dépend du maintien d’un service public forestier fort» expliquait le média Reporterre dès 2019.

Ces politiques libérales mettent en danger les arbres mais aussi les agents. L’ONF est touché par une vague de suicides depuis 15 ans. Depuis 2005, une cinquantaine de forestiers français se sont donné la mort. Les gardes forestiers subissent le sentiment de perte de sens d’un métier mis au service de l’industrialisation et de la financiarisation des forêts françaises. Alors que le gouvernement impose des managers privés à l’ONF, au tournant de la décennie 2010, une trentaine d’agents se donnent la mort. À La Réunion, un agent a même tué un manager en pleine réunion, avant de retourner l’arme contre lui. Il n’y a jamais eu de remise en cause du modèle imposé à l’ONF.

En janvier 2020 Macron nomme un préfet, Bertrand Munch, à la tête de l’Office National des Forêts. Même les cadres se plaignent des méthodes brutales du nouveau chef. Un médecin sonne l’alerte sur «l’explosion des risques psycho-sociaux» en 2021 et évoque une maltraitance sourde et insidieuse, des humiliations publiques, et un phénomène «d’inattention ou d’incapacité de compréhension quant au fond des sujets professionnels».

En 2022, le préfet Munch est démis de ses fonctions, mais le problème demeure. Quelques semaines après, la saison des incendies emporte des forêts entières. Macron et ses prédécesseurs néolibéraux ont semé la chaos partout : dans la santé, l’éducation et même la protection des forêts. Les ravages du réchauffement climatique sont amplifiés par les choix des managers qui monopolisent le pouvoir. Ce sont des dangers publics.

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