«Touche pas à mes chênes !»
Bouguenais est une commune du sud de la métropole de Nantes. La nouvelle maire, Sandra Impériale, a validé l’abattage de cinq chênes anciens pour agrandir la gendarmerie située sur un terrain municipal. La même maire a pourtant planté un «arbre de l’amitié symbolique» en Allemagne au mois de mai, dans la ville jumelée de Bouguenais.
En 2021, Sandra Impériale annonçait l’élaboration d’une «véritable stratégie et un plan d’action en faveur de la place de l’arbre dans la commune», se faisant passer pour une élue favorable au végétal et au dialogue citoyen. Recette classique. Comme toujours, dans la bouche des politiques, les mots n’engagent que ceux qui y croient.
Couper des arbres pour faire pousser des uniformes, en plein chaos climatique. L’opération paraît caricaturale, pourtant elle est loin d’être isolée dans la métropole. Des dizaines d’arbres ont été coupés ces dernières années :
- Dans la nuit du 17 au 18 novembre 2020, huit arbres sont abattus le long de la rivière de la Sèvres à Vertou, à l’Est de Nantes. Une opération menée en secret qui suscite l’écœurement des riverains.
- En février 2019 : une «transformation radicale» au cœur de Nantes. Dans le cadre d’un grand projet d’aménagement du secteur de la Place du Commerce, la plupart des arbres qui entourent la croisée des trams sont abattus. 70 platanes à l’épicentre de la ville. Le résultat est catastrophique : en été 2022 une succession d’épisodes caniculaires rendent cette zone tout simplement infernale. Tout est minéral, suffocant, hostile.
- La même année, 40 superbes noyers étaient rasés le long de l’Erdre, donnant un air sinistre aux rives du cours d’eau.
- En 2017, c’est un petit square du centre-ville, Fleuriot, qui était détruit, et tous les magnolias coupés. Tout ça pour faire pousser un immeuble commercial immonde.
- Été 2022, c’est au nord de Nantes, quartier du Bout-des-Landes, qu’un projet de complexe immobilier imaginé par une banque prévoyait de raser 22 arbres anciens. La population se mobilise pour préserver cette végétation.
Ces choix sont aberrants, dans une agglomération toujours plus dense et bétonnée. Un arbre dans une rue équivaut à 10 climatiseurs. Végétaliser les villes, c’est réduire les effets des canicules. Dans un boulevard planté d’arbres, la température peut être inférieure de 5 à 8 degrés par rapport à un boulevard sans végétation, au soleil. Et les arbres apportent aussi de l’humidité, vitale comme nous l’avons constaté cet été.
À Bouguenais, ces chênes étaient déjà présents dans les années 1950. «Nous, habitants de Bouguenais et voisins de la Gendarmerie, sommes fermement opposés à l’abattage de ces 5 chênes» écrivent les riverains dans une pétition, qui réclame «un moratoire sur ce projet et une suspension de tous les travaux préparatoires». Les habitants craignent, à juste titre, «un abattage en catimini de ces arbres».
L’extension de la gendarmerie est programmée pour le mois de septembre.