LA BAULE
Station balnéaire cossue de Loire-Atlantique, où la bourgeoisie bon chic bon genre adore passer ses vacances. Sur la grande plage de La Baule, où l’on trouve les célèbres tentes aux bandes blanches et bleues. Le 7 août 2022, une femme appelle la société qui s’occupe de leur location, pour signaler qu’il y a à côté d’elle «des noirs» qui occupaient deux de ces fameuses tentes rayées. Du racisme pur et dur qui s’ajoute à la violence de classe.
Pour elle, des «noirs» ne peuvent pas payer la location. Son interlocutrice lui indique que cette famille est «entièrement dans ses droits». Mais la raciste s’acharne. Elle appelle la police. Des CRS débarquent à VTT et contrôlent la famille. La presse écrit que les policiers n’ont pu «pu que constater que cette famille, accompagnée d’amis, était en règle.» Mais c’est une humiliation. Et la raciste n’a, visiblement, pas été inquiétée. Et que dire de forces de l’ordre qui se déplacent après avoir été appelés pour un motif ouvertement raciste ?
RAMBOUILLET
En pleine surenchère islamophobe du gouvernement, un lieu de culte musulman située à Rambouillet en région parisienne a été entièrement détruit par le feu dans la nuit du 2 au 3 septembre. «Cette mosquée de fortune (…), c’était le seul endroit des musulmans pour prier», résume un fidèle dans les colonnes du Parisien. Il s’agissait d’une structure provisoire qui accueillait les musulmans dans le quartier de la Louvière depuis 2009. La piste criminelle ne fait guère de doute. Les fidèles sont appelés à rejoindre provisoirement une mosquée située à 15 km de là. Cette attaque raciste ne provoque aucune réaction politique.
STRASBOURG
Soucht est un village situé entre le Bas-Rhin et la Moselle. Pour la fin de l’été, quatre jours de fête avaient lieu pour les jeunes de la commune qui ont 18 ans dans l’année, les «conscrits». La fête villageoise s’est transformée en lynchage raciste. Amin, 17 ans, qui vient d’avoir son bac, entend : «Les arabes c’est des merdes, faut tous les mettre sur des planches et les brûler». Le raciste est un père de famille alcoolisé. Le ton monte. Le frère de l’agresseur dit à Amin : «Tu fous encore la merde» et le pousse. Ils sont séparés. Mais un commando revient pour mener une expédition punitive. Un véhicule déboule dans le champ à pleine vitesse. Ils cherchent Amin. «L’un des frères a pointé le flash de son téléphone sur moi et a dit “Ils sont là, il est là l’arabe »» raconte la victime. «Ils sont sortis comme des fous furieux, on voyait qu’ils ciblaient quelqu’un» explique un témoin. Le commando a une hache, mais est désarmé par des personnes présentes. Une bagarre générale éclate, et Amin, mineur, finit aux Urgences.
BESANÇON
Premier acte le 9 mars 2022, lors d’un meeting de campagne de Philippe Poutou : des néo-nazis se rendent devant la salle et violentent une personne. Un agresseur est jugé le 22 août au tribunal. Lors d’une perquisition menée à son domicile, un brassard à croix gammée et des autocollants d’extrême droite sont trouvés.
Deuxième acte après le procès. Un journaliste indépendant, Toufik de Planoise, est pris à partie par quatre militants d’extrême droite. Il les filme. «Tu ranges ton appareil et tu t’en vas» crie l’un des agresseurs. Le chef de meute frappe alors le journaliste et fait voler l’appareil photo.
Troisième acte le 27 août. 5 jours plus tard. Absolument décomplexé, le même réseau néo-nazi se réunit dans le centre de Besançon. «Ils étaient une petite vingtaine bien alcoolisés, certains tendaient le bras en criant « Sieg Heil »» décrit l’un des témoins. Des chants nazis sont entonnés en pleine rue.
RACISME DÉCOMPLEXÉ
Une série d’actes racistes et fascistes en quelques jours, en France, à la fin de l’été. Aucun n’a eu d’écho médiatique national. Aucun grand média n’a fait l’effort se souligner la récurrence et l’augmentation des passages à l’acte de l’extrême droite non plus. Les télévision étaient trop occupées à salir la gauche, à parler «d’insécurité» en invitant des policiers et à stigmatiser les musulman-es. Les petites haines et les graves agressions se succèdent sans complexe. Si les racistes passent à l’acte, c’est qu’ils se sentent encouragés par l’ambiance générale et le discours politique ambiant. Il n’y a aucune raison que cela s’arrête spontanément, sans sursaut collectif.