«Nous sommes en guerre». Après avoir répété que nous n’étions pas en guerre durant la campagne, Macron a repris des accents militaristes pour préparer les esprits à de nouvelles contraintes. Lundi 5 septembre, le président à demandé aux français d’être «au rendez-vous de la sobriété», en expliquant que «la meilleure énergie, c’est celle qu’on ne consomme pas». Il a demandé à la population à «changer les comportements» pour «éviter les coupures» d’énergie, notamment en mettant «la clim’ un peu moins fort» quand il fait chaud et «le chauffage un peu moins fort».
Sauf que :
- 75% de français n’ont pas la clim’. C’’est le fruit d’une étude de l’institut OpinionWay en 2021. L’enquête révèle que si 81% des répondants trouvent qu’il y a plus de canicules qu’avant, 75% n’envisagent pas de se munir d’un climatiseur, tant pour des raisons économiques qu’écologiques. Pour «baisser la clim’», il faudrait déjà en avoir l’occasion. Et c’est une minorité qui le peut.
- Au moins 12 millions de Français souffrent du froid dans leur logement, rapportait la presse l’année dernière. Soit parce que leur logement est très mal isolé, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens de se chauffer correctement. Et ça, c’était avant l’explosion des prix de l’énergie. En 2019 déjà, une enquête Odoxa expliquait que 79% des Français affirmaient que les factures d’énergie représentent une part importante de leurs dépenses. Et que 71% des Français se résignent à mettre en route le chauffage le plus tard possible pendant l’hiver. «Mettre le chauffage moins fort» est déjà la norme pour la majorité de la population, et le sera probablement encore davantage cet hiver.
Ces annonces menaçantes de la rentrée 2022 sont donc hors sol, pour ne pas dire déplacées, venant d’un gouvernement qui refuse de limiter les déplacements en jet privés et protège les entreprises ultra-polluantes qui spéculent sur l’énergie. Il y a décidément une gourmandise obscène dans la façon dont Macron réclame systématiquement des efforts à celles et ceux qui se serrent déjà la ceinture tout en refusant de toucher au moindre privilège de ses amis les riches.