9ème mort par balle en 6 mois par la police
Un policier qui dégaine son arme contre une voiture. Une personne qui meurt. La scène devient malheureusement courante en France. Cela s’est passé la nuit dernière, du 6 septembre au 7 septembre, à Rennes. Un véhicule suspecté de transporter de la drogue ne s’est pas arrêté. Et c’est la passagère du véhicule, une jeune femme de 22 ans, qui a été tuée par balle. Une «victime collatérale» de la violence d’État de plus qui perd la vie. Le conducteur, lui, a été blessé au bras et interpelé par la police.
Ces drames se multiplient. En seulement 6 mois, c’est le 9ème décès par balle par la police lors d’un «refus d’obtempérer». 9 morts en 6 mois, une véritable explosion.
Dans la nuit du 29 au 30 août 2022, un homme au volant d’une voiture a été tué par la police lors d’un contrôle près de Tourcoing. Le passager de la voiture sera interpelé pour «complicité de refus d’obtempérer» (sic). Non seulement la police rétablit la peine de mort pour un délit, mais les passagers d’un véhicule sont des «complices» et risquent la mort ou la prison. Dans cette affaire, la version officielle, reprise par le procureur, est rocambolesque : la voiture aurait démarré, percuté un agent qui aurait dans le même temps ouvert la portière pour extraire le conducteur et lui aurait tiré dessus en plein thorax, à bout portant. Même dans une série B, un tel scénario est peu crédible.
Il y a deux semaines, c’est près de Lyon que deux hommes sont tués par balle lors d’un «refus d’obtempérer». Adam avait 20 ans et Reihane 26 ans. Des policiers ont vu une voiture garée sur un parking et ont voulu la contrôler. La voiture a démarré. 8 munitions ont été tirées, tuant les deux occupants. Pas un média n’a questionné les faits.
Le soir du second tour de la Présidentielle, en avril, au cœur de Paris, un policier dégaine un fusil d’assaut. Une arme de guerre extrêmement puissante, en principe réservée aux situations antiterroristes. La menace ? Un refus d’obtempérer. L’agent tire une rafale de munitions de mitrailleuse sur le véhicule. Deux frères sont tués sur le coup. Un troisième homme, passager, est gravement blessé. Les balles ont été tirées dos au véhicule. Un témoin confirmera qu’il n’y avait aucun danger. Une exécution sommaire.
Le 4 juin, des policiers à vélo tirent une dizaine de munitions sur une voiture en pleine rue, en plein jour à Paris. Au milieu des passants. La jeune passagère, Rayana, meurt d’une balle en pleine tête. Le conducteur est gravement blessé. Une jeune femme a été tuée parce qu’elle était assise là. Elle rentrait de soirée.
Ces décès sont lié à la militarisation rapide de la police française et à l’extrême banalisation du fait de tirer. Les autorités donnent carte blanche à la police. Résultat : le simple fait de dégainer, rarissime il y a encore 10 ans, est devenu courant. Appuyer sur la gâchette n’effraie plus la police.
Par exemple, le 8 juin à Montélimar, un policier municipal a sorti son arme de service et visé le conducteur qui refusait de sortir de son véhicule alors qu’il devait payer une amende de stationnement. Un geste «peut-être un peu disproportionné» selon une source de la police nationale expliquait France Info.
Sous la présidence de Jacques Chirac de 2002 à 2007, 48 personnes ont été tuées lors d’interventions de police. En moyenne 9 par an. Sous le premier quinquennat de Macron, de 2017 à 2022, 131 morts. 26 par an. Ce bilan n’inclut par les personnes tuées par des policiers hors service ni dans le cadre de l’antiterrorisme. Cette explosion de décès se justifie-t-elle parce que la dangerosité augmente ? Même pas. Le nombre d’agents morts en exercice n’a pas cessé de baisser. Les spécialistes estiment que «sur 30 ans, le risque de décès pour un policier a été divisé par 3», passant de plus de 30 par an dans les années 1980 et 1990 à une dizaine, voire moins aujourd’hui.
C’est bien l’insécurité causée par la police qui augmente. Et la population qui paie.
Image : Un policier braque son arme à Rennes en 2017 – par Oli Mouazan