Une autre fin du monde est possible

Septembre 2018. Le compte à rebours était lancé par le président de l’ONU : «Nous sommes confrontés à une menace existentielle directe», avait déclaré Antonio Guterres. «Le monde a deux ans pour agir contre le changement climatique sinon il affrontera des conséquences désastreuses». L’ONU avait averti : «Le changement climatique est la question déterminante de notre époque – et nous sommes à un moment décisif. Le changement climatique évolue plus vite que nous et sa rapidité a provoqué un séisme à travers le monde.» Le président de l’ONU avait même appelé «la société civile à réclamer des comptes» aux dirigeants de la planète.

Quatre ans ont passé. Et les grandes économies ont considérablement renforcé leur soutien à la production de charbon, de pétrole et de gaz naturel, selon une analyse de l’OCDE et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publiée lundi 29 août. Le soutien public apporté aux combustibles fossiles dans 51 pays du monde a presque doublé, passant de 362,4 milliards de dollars en 2020 à 697,2 milliards de dollars en 2021. Vous avez bien lu, non seulement rien n’a été fait pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, mais des centaines de milliards de dollars d’argent public subventionnent les énergies polluantes ! Et celles et ceux qui «demandent des comptes aux dirigeants» sont arrêtés, frappés et gazés en Occident, souvent enlevés et tués dans les pays du Sud.

Luke Kemp, enseignant à l’Australian National University (ANU) et à l’université de Cambridge, s’intéresse à l’effondrement des civilisations passées et aux changements climatiques actuels. Pour lui, les rapports du GIEC, les experts internationaux sur le climat, sont beaucoup trop timides. Ils n’évaluent que les conséquences d’un réchauffement «modéré» de 1,5 à 2°C et évacuent les possibilités les plus hautes. Le GIEC tempère ses prévisions pour rester «audible» auprès des gouvernements et de l’opinion. Il néglige ainsi les scénarios les plus pessimistes, ceux qui couvrent une augmentation des températures supérieure à 3°C.

«Le changement climatique anthropique pourrait-il entraîner l’effondrement de la société mondiale, voire l’extinction de l’humanité ? À l’heure actuelle, il s’agit d’un sujet dangereusement sous-exploré. Pourtant, il existe de nombreuses raisons de penser que le changement climatique pourrait entraîner une catastrophe mondiale» écrivent des climatologues à leurs collègues, dans la revue scientifique PNAS – Proceedings of the National Academy of Sciences. Un risque d’extinction de l’humanité «dangereusement inexploré»…

«Une évaluation approfondie des risques devrait prendre en compte la façon dont les risques se propagent, interagissent, s’amplifient». En effet, les prévisions du GIEC se basent sur le plus petit dénominateur commun et les plus modestes objectifs, oubliant «des variations régionales extrêmes et des points de basculement brutaux».

On l’a vu cet été : des canicules et des sécheresses inédites, des pénuries d’eau jusque dans des zones tempérées, des incendies hors de contrôle même en Bretagne. Tout va plus vite que prévu. Un exemple d’accélération imprévisible : d’ici 2040, le pergélisol, le sol gelé depuis des millénaires en Sibérie aura fondu, ce qui va relâcher des quantités inimaginables de gaz à effet de serre supplémentaires, augmentant brutalement le réchauffement.

Autre exemple : «Des simulations récentes suggèrent que les nuages stratocumulus pourraient disparaître brusquement à des concentrations de CO2 qui pourraient être approchées d’ici la fin du siècle, provoquant un réchauffement climatique supplémentaire d’environ 8°C».

Quant à la destruction de l’Amazonie – déjà entamée à 26% – elle va entraîner une série de réactions en chaîne, relâchant dans l’atmosphère de grandes quantités de carbone.

Enfin, dans les 50 ans qui viennent, 2 milliards d’êtres humains vivront dans une «zone de chaleur extrême». Ces zones comprennent, par ailleurs, deux sites nucléaires et sept laboratoires de haute sécurité abritant les agents pathogènes les plus dangereux au monde. Encore une vulnérabilité ignorée pour le moment dans les prévisions du GIEC.


Le capitalisme a absolument tous les attributs du suicide collectif. Et tout le monde le sait, jusqu’au sommet des États. Une autre fin du monde, emportant le système capitaliste, est-elle encore possible ?


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