«Qu’est-ce qui est le plus moral, créer une banque ou l’attaquer ?» demandait Bertolt Brecht. Au Liban comme ailleurs, la question est toujours d’actualité.
«Je suis Sali Hafez, je suis venue aujourd’hui pour récupérer l’argent de ma sœur qui est en train de mourir à l’hôpital», dit une jeune femme en T-Shirt noir et pistolet en main, dans une banque de Beyrouth. «Je ne suis pas là pour tuer ou mettre le feu… Je suis là pour réclamer mes droits», ajoute-t-elle. Au Liban, pays victime d’une grave crise économique, les comptes bancaires sont bloqués depuis bientôt trois ans.
Dans la vidéo diffusée en direct sur les réseaux sociaux par la braqueuse elle-même, on entend Sali Hafez exiger aux employés de la Blom Bank de lui débloquer une somme d’argent. Le braquage fonctionne. Elle récupère environ 13.000 des 20.000 euros déposés par sa famille dans la banque. Les soins de sa sœur, malade d’un cancer, coûtent 50.000 euros, a-t-elle précisé. Le pistolet retrouvé sur place est un jouet en plastique. Les complices de la jeune femme se sont éclipsés sans être arrêtés.
Sali Hafez a été saluée comme une héroïne par de nombreux internautes au Liban, où les images de la jeune femme debout sur un bureau font le tour des réseaux sociaux. Un autre braquage a eu lieu ce mercredi. Les libanais sont désespérés de ne pas pouvoir retirer leurs économies bloquées à la banque alors que les prix augmentent et que le gouvernement est régulièrement accusé de corruption et que plusieurs vagues d’émeutes ont eu lieu ces derniers mois. La livre libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur et 80% de la population a plongé dans la pauvreté depuis 2019.
«Qu’est-ce qui est le plus moral, créer une banque ou l’attaquer ?» demandait Bertolt Brecht. Une question toujours d’actualité.