7 ans de combat judiciaire : les policiers responsables de la mort d’Amadou Koumé condamnés

Manifestation devant le tribunal des soutiens à Amadou Koumé

Mars 2015. Amadou Koumé, père de famille, est en détresse psychologique dans un bar parisien du 10ème arrondissement. Il a peur que des gens «viennent le tuer». Le patron du bar demande de l’aide. La police intervient. La victime subit une longue clé d’étranglement et un plaquage ventral, après avoir été tabassée. Six minutes les mains menottées dans le dos, avec le poids d’un policier sur le corps. Les images montrent qu’au total ce sont 16 policiers qui ont participé à l’arrestation.

Après cette nuit-là, la conjointe d’Amadou Koumé n’a plus de nouvelles pendant des jours. Elle n’apprendra que plusieurs semaines après qu’il est mort. Les autorités ont caché le décès et le corps du défunt, pendant près d’un mois

En décembre 2015, quelques jours après les attentats de Paris, un non-lieu est prononcé dans le cadre de la procédure ouverte pour ce crime policier caractérisé. La justice profite alors de l’état d’urgence et de l’état de choc pour enterrer une affaire très gênante. Mais la famille ne lâche rien pour obtenir justice. Elle se constitue partie civile et obtient la désignation d’une juge d’instruction et la réouverture des investigations.

Nous sommes en septembre 2022, sept ans après les faits. Trois policiers qui sont intervenus et ont provoqué la mort d’Amadou Koumé ont été jugés en juin pour «homicide involontaire». Lors du procès, Doria Chouviat, veuve de Cédric Chouviat, décédé dans les mêmes conditions, a témoigné à la barre. Autre témoin important lors du procès : Amal Bentounsi, dont le frère a été tué d’une balle dans le dos par un policier, et qui se bat depuis 10 ans contre l’impunité policière et a arraché la condamnation du tueur de son frère.

Ce mardi 20 septembre, les trois agents qui sont passés en jugement viennent d’être condamnés à 15 mois de prison avec sursis.

Il est rarissime que des policiers soient reconnus coupables d’un crime. Même si aucune peine de prison ne ramène un mort, cette reconnaissance est une victoire pour les proches du défunt et une avancée pour la lutte contre les crimes sécuritaires. Alors que les violences d’État ne cessent d’exploser, il ne faut rien lâcher contre l’impunité policière.

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