«Peur sur la ville» : pourquoi les médias font-ils une fixette sur Nantes ?


Opération contre-insurrectionnelle contre une ville rebelle


Cnews, BFM et Le Figaro titrent sur l'insécurité à Nantes.

Il n’y a plus une journée sans bandeaux hallucinants et anxiogènes sur la ville de Nantes sur Cnews. La chaîne d’extrême droite a même titré «peur sur la ville» après avoir qualifié Nantes comme étant plus dangereuse que Bogota.

Avis aux nantais et nantaises : vous aussi vous sortez acheter votre baguette avec un gilet pare-balles et un fusil d’assaut ?

Au-delà du grotesque de la comparaison, il faut se demander pourquoi les néofascistes et leurs médias font une telle fixette sur Nantes. Pourquoi une telle obsession ?

Première piste : parce que l’exécrable Pascal Praud, présentateur vedette de Bolloré, vient de Nantes où il était d’ailleurs méprisé en tant que commentateur sportif de bas étage. CNews lui a donné une visibilité décuplée où il peut postillonner depuis des années ses délires façon comptoir de bar raciste. Yvan Rioufol, journaliste très à droite au Figaro vient aussi de Nantes. Et il règle ses comptes.

Mais ce n’est pas suffisant. À chaque reportage sur «l’insécurité», ces médias parlent en boucle de la «ZAD», de «l’ultra-gauche», des «manifestations» et même de la mairie PS qui serait «complice»… Ce qui est visé, c’est bien l’image de Nantes en tant que ville rebelle. Cette intoxication massive est une opération contre-insurrectionnelle.

Les autorités tentent depuis des années d’écraser les résistances à Nantes, en réprimant les manifestations, en poussant des jeunes dans la Loire lors de la fête de la musique, en tirant des grenades sur les écolos. Et même en essayant de dissoudre un média indépendant nantais. Rien n’y fait, ça ne marche pas.

Le matraquage sur «l’insécurité» à Nantes est donc une façon de diaboliser l’image d’une ville entière et de légitimer une répression encore plus forte. D’ailleurs Darmanin vient d’annoncer l’envoi de «renforts policiers» supplémentaires à Nantes, qui n’en manque pourtant pas. Ça fonctionne.

Cette opération est efficace pour détruire préventivement les mobilisations contre les violences d’État. Ces dernières années, trois personnes sont décédées à Nantes lors d’opérations de police, des centaines d’autres ont été blessées ou mutilées dans une impunité totale. La police de Nantes est connue dans toute la France pour sa violence.

Mais grâce à cette propagande intensive, à chaque fois que l’attitude de la police nantaise sera contestée, les médias répondront que c’est «irresponsable» d’en parler vu «l’insécurité», que les policiers «font leur travail dans des conditions difficiles», etc. On connaît la chanson. C’est une vraie prise d’otage idéologique qui empêchera tout débat.

Comme souvent avec l’extrême droite, le retournement du réel est d’une infinie perversité. Le combat pour visibiliser les victimes de violences policières est très difficile. Avec cette propagande, il devient carrément inaudible. C’est un écran de fumée très efficace qui joue sur la peur.

Une seule bonne nouvelle dans ce sombre tableau : l’image anxiogène de Nantes donnée dans les médias nationaux va peut-être dissuader les riches parisiens de venir s’installer ici. Et donc limiter l’augmentation des loyers. Merci Cnews et Le Figaro.

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