Grande mobilisation à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, les 29 et 30 octobre
Dans le marais Poitevin des «méga-bassines», sortes de lacs artificiels couverts de bâches en plastique, sont creusées pour irriguer l’agriculture industrielle, polluante et gourmande en eau. Ces «bassines» pompent l’eau de la nappe phréatique pour des champs de monoculture productivistes bourrés de pesticides. C’est la captation d’un bien commun au profit d’une minorité et au détriment de petits paysans. Avec les épisodes de canicules et de sécheresse historiques que nous venons de traverser, cet accaparement de l’eau n’est pas seulement absurde : il est criminel.
Depuis plusieurs mois, des riverains, paysans, syndicalistes, écologiste et des anticapitalistes se mobilisent contre ces mégabassines. En mars dernier, 7000 personnes se réunissaient dans les Deux-Sèvres pour dénoncer le creusement d’une gigantesque bassine de 220.000 m3 et 7 hectares. Auparavant, plusieurs actions ont eu lieu, notamment des sabotages. Mais les autorités et les lobbys de l’agriculture productivistes s’entêtent : ils veulent passer en force.
Sur la commune de Sainte-Soline, au Sud de Poitiers, malgré les oppositions les travaux pour une future bassine d’une superficie de seize hectares visant à collecter de 750.000 m3 d’eau vont démarrer. Ce jeudi, des grilles sont apparues sur le site, signe d’un démarrage imminent du saccage. Dimanche 2 octobre, une cinquantaine de membres du collectif «Bassines non merci» organisaient un pique-nique sur la zone, pour rappeler leur opposition au projet. Un événement anodin qui a déclenché une répression délirante.
Plus de 60 gendarmes armés, plus nombreux que les manifestants, ont empêché le pique-nique et chargé le barbecue avant de repousser sans ménagement les personnes présentes. Au mégaphone, un manifestant expliquait : «L’État a décidé de faire la guerre de l’eau, a fait le choix de donner la primauté à l’agro-industrie au dépit de l’eau pour tous, de la biodiversité, des paysans qui essaient de cultiver autrement et de respecter les éléments du milieu. Dans la semaine, tout un système de sécurité sera installé et le bal des pelleteuses, des engins destructeurs de milieux rentrera en jeu.» Après plusieurs autres incursions repoussées manu militari par les gendarmes, les opposants à la bassine se sont réunis et ont appelé à la résistance.
Dans un premier temps, la liste des responsables sera rendue publique : agro-industriels, entreprises qui creusent des bassines, mairies complices… Dans un second temps, une grande mobilisation aura lieu trois semaines après le début des travaux. Une mise en garde émise depuis plusieurs mois par le mouvement. Une manifestation aura donc lieu à Sainte-Soline derrière le slogan : «Pas une bassine», elle est fixée pour le week-end des 29 et 30 octobre. La guerre de l’eau ne fait que commencer.
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