En 2022, il fête son anniversaire à l’Assemblée
Jeudi 6 octobre 2022, l’Assemblée Nationale accueillera le colloque d’anniversaire du Front National, aujourd’hui renommé Rassemblement National. Dans ce cadre, les députés d’extrême droite fêteront cet anniversaire par un colloque intitulé «de l’espoir au pouvoir». Un peu d’histoire.
Le FN est créé le 5 octobre 1972, lors d’une réunion privée qui réunit 70 personnes. Leur symbole ? Une flamme tricolore copiée sur un mouvement de nostalgiques de Mussolini en Italie. A l’époque, le FN n’est qu’un obscur groupuscule composé de quelques dizaines de membres. Un parti confidentiel réunissant des néo-nazis, d’anciens collaborationnistes, des SS, des colonialistes et des criminels de guerre. Parmi les fondateurs, Pierre Bousquet, ancien de la division SS Charlemagne. Il quittera Front national pour fonder un parti encore plus radical. On trouve aussi François Duprat, «Nationaliste révolutionnaire» ancien du groupe fasciste Ordre nouveau et négationniste forcené. Et bien sûr Jean-Marie Le Pen, qu’on ne présente pas.
Ce micro-parti va s’imposer progressivement dans les années 1980, à mesure que les espoirs de changement portés par la gauche disparaissent avant d’imposer toutes ses idées dans la classe politique. «L’insécurité» va devenir une obsession nationale et la police une nouvelle religion d’État.
Dans les années 1980, c’est François Mitterrand lui-même, président socialiste, qui demande à la chaîne Antenne 2 de donner la parole à Jean-Marie Le Pen, que personne ne connaît, dans le but de «diviser» la droite. En 1981, le Front National compte moins de 300 adhérents et recueille 0,18% des suffrages. En 1988, Jean-Marie Le Pen fait 14,38% des voix. La classe politique, et le Parti Socialiste en particulier, portent une écrasante responsabilité dans cette escalade.
À partir de là la classe politique se droitise, en calquant ses propos sur ceux de l’extrême droite. Des dizaines de lois sécuritaires et anti-immigrés sont votées. Lorsqu’il est président, Nicolas Sarkozy est conseillé par l’idéologue Patrick Buisson. Plus tard, le politicien d’extrême droite Paul-Marie Coûteaux rédigera les discours de Fillon. Quand le PS arrive au gouvernement en 2012, il a les pleins pouvoirs et l’opinion est massivement anti-Sarkozy après un quinquennat de droite dure. Résultat ? En 5 ans, le gouvernement attaque la ZAD, impose la Loi Travail par 49.3, militarise la police, expulse plus d’étrangers que jamais et impose l’état d’urgence. Le quinquennat Hollande est un moment pivot, une accélération vers le fascisme. Il brutalise la société, anéantit les espoirs et les contestations, et propulse Macron au pouvoir. Les discours alternatifs disparaissent quasiment du débat public, au profit de l’extrême droite.
Le 19 mai 2021. Des syndicats policiers organisent une manifestation devant l’Assemblée nationale. Pour la première fois sous la Vème République, un ministre de l’Intérieur, lui même issu de l’extrême droite, annonce qu’il participera à une mobilisation des forces de l’ordre. Plus grave, le Parti communiste, le Parti socialiste et les écologistes défilent avec Le Pen, Zemmour et Darmanin. C’est un coup de tonnerre : cette gauche qui avait déjà trahi tous ses idéaux faisait désormais bloc derrière une police radicalisée. Le leader du Parti socialiste déclare alors que «la police doit avoir un droit de regard sur la justice» : il propose de mettre fin à la séparation des pouvoirs, fondement des principes démocratiques. Cette prise de position situe désormais le PS au même niveau que Jean-Marie Le Pen 20 ans plus tôt.
À présent, des milliardaires d’extrême droite monopolisent les médias. Le macronisme, une faction radicalisée de la bourgeoisie, gouverne en appliquant les idées d’extrême droite. Les fascistes gagnent dans les urnes en Italie. Et le Rassemblement National célèbre son anniversaire à l’Assemblée Nationale française.
Une réflexion au sujet de « Il y a 50 ans, le Front National était fondé par des néo-nazis »
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