Une ferme usine monstrueuse de 26 étages et 650.000 porcs en Chine
Début 2021, des scientifiques tiraient la sonnette d’alarme en pleine pandémie : les conditions d’élevage et la déforestation liée à la consommation de viande sont responsables de la grande majorité des maladies émergentes qui circulent entre les humains et les animaux, expliquaient-ils dans une lettre ouverte au président de la République française. Prévenir les épidémies implique de sortir de l’élevage intensif.
La domestication des animaux, il y a environ 10.000 ans, coïncide avec l’apparition des premières épidémies. Au contact d’animaux d’élevage, l’homme a attrapé de nombreuses maladies : la variole qui vient du bœuf, comme la tuberculose ou plus récemment la grippe espagnole transmise par les oiseaux… Et plus on concentre les bêtes dans des espaces restreints, plus on augmente le risque de mutation de maladie et leur transmission à l’homme.
En 1960, il y avait 5 milliards de poulets d’élevage. Aujourd’hui, il y en a 25 milliards. Le nombre de bovins est passé de 1 milliard à 1,7 milliard sur la même période. Les porcs, eux, étaient 500 millions en 1960, on en dénombre désormais 1,5 milliard. En transformant les animaux en objets qu’on engraisse dans de véritables usines, l’industrie a créé un nid douillet pour les bactéries et les virus.
Cela pose des problèmes éthiques énormes : celui de la souffrance animale, car le capitalisme transforme les bêtes, êtres vivants sensibles, en objets. Et des problèmes sanitaires. Le saviez-vous ? La grande majorité de la consommation d’antibiotiques dans le monde n’est pas pour les humains mais pour les animaux, qui sont traités préventivement dans les élevages par de grandes quantités de médicaments dans leur alimentation, créant des mutations qui peuvent rendre les microbes antibiorésistants. Et donc de nouvelles maladies qu’on ne peut plus soigner.
Une porcherie géante a été inaugurée en Chine près de la ville de Wuhan, foyer du Coronavirus en 2019. Cette «ferme» verticale, qui est en fait une usine, est capable d’accueillir 650.000 animaux dans un bloc de béton de 26 étages. Des porcs aussi nombreux que la population d’une grande ville, concentrés dans des conditions effroyables.
Ces gratte-ciels destinés à accueillir des exploitations porcines se multiplient en Chine, a mesure que la demande de viande augmente. Mais le problème est mondial. En France, l’agro-industrie développe aussi des «fermes des 1000 vaches» ou encore des usines de 3000 porcs, véritables aberrations agro-industrielles, très lucratives.