Dimanche 30 octobre, Gérald Darmanin a qualifié d’«écoterrorisme» la mobilisation contre les mégabassines, dans les Deux-Sèvres, ajoutant : «il y a des fichés S, radicalisés à l’ultra-gauche, qui veulent s’en prendre à l’ordre républicain».
Après l’accusation «d’islamo-gauchisme», le gouvernement lance donc un autre épouvantail, «l’écoterrorisme». Absolument rien ne différencie le régime de Macron d’un gouvernement d’extrême droite, ni dans les mots, ni dans les pratiques. Mais de quoi parle-t-on ? La définition du terrorisme est : «gouvernement par la terreur» ou «emploi systématique de la violence pour atteindre un but», avec l’idée de semer délibérément l’effroi dans la population. Ajoutons-donc le préfixe «éco», pour «écologie».
Si les mots ont un sens, «l’écoterrorisme», le vrai, ce sont les multinationales comme Total qui dévastent la planète, et les gouvernants qui les protègent.
L’écoterrorisme, ce sont les milices d’entreprises privées qui tuent des écologistes dans les pays du sud. 200 militants ont été assassinés en 2021 pour avoir protégé l’environnement, dont 54 au Mexique et 26 au Brésil, en particulier dans l’Amazonie.
L’écoterrorisme, c’est l’usage massif d’un produit chimique par l’armée américaine contre la population civile durant la guerre du Vietnam. L’agent orange, fabriqué par Bayer, a empoisonné 4,8 millions de Vietnamiens, durablement intoxiqué les sols, et provoque encore aujourd’hui des maladies infantiles et des déformations.
L’écoterrorisme, c’est la fracturation de la couche terrestre pour extraire du gaz de Schiste, qui rend l’eau du robinet dangereuse et inflammable.
L’écoterrorisme, c’est quand l’État français envoie des milliers d’hommes armés détruire une ZAD ou tirer des grenades contre celles et ceux qui défendent l’eau.
L’écoterrorisme, c’est quand l’État français fait sauter un bateau de Greenpeace en 1985, tuant un passager, pour empêcher d’aller documenter les essais nucléaires dans le Pacifique.
L’écoterrorisme, ce sont les sols et les habitants des Antilles françaises intoxiqués au Chlordécone.
L’écoterrorisme, c’est le chantage nucléaire, les marées noires et la géo-ingénierie.
L’écoterrorisme, c’est lorsqu’on apprend que «l’acidification des océans provoquée par la pollution pourrait entraîner la fin de l’humanité», et qu’il y aura bientôt plus de plastique que de poissons dans la mer.
L’écoterrorisme, ce sont les gouvernants qui n’ont rien fait pour empêcher le réchauffement climatique, les sécheresses, les pénuries.
Mais l’objectif de Darmanin et de tous les flics de la planète est de faire taire ceux veulent protéger le vivant. Aux États-Unis, le FBI considère l’écologie radicale comme «la deuxième menace terroriste la plus importante», alors qu’en Russie un journaliste qui enquêtait sur la destruction d’une forêt par l’entreprise Vinci a subi en 2008 une agression qui le laisse lourdement handicapé. En France, Manuel Valls disait surveiller autant la «radicalisation religieuse» que les mouvements de défense de l’environnement et a tenté d’écraser les ZAD.
Le 21 septembre 2019, une grande «marche pour le climat» à Paris était bloquée par un dispositif agressif de milliers d’agents appuyés par des blindés. La France de Macron était le seul pays du monde occidental à interdire par la force ce défilé. Peu après, le Ministère de l’intérieur français a créé au sein de la Gendarmerie nationale la Cellule Déméter – du nom de la déesse grecque des moissons –, spécialement dédiée à la répression des écologistes et opposants au productivisme.
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