Octobre : record de chaleur et déni médiatique


Anomalie thermique de +3,5°C, “un air de vacances” selon les journaux télévisés


À la Toussaint, la France bat un record de chaleur

Samedi 29 octobre, en pleines vacances de la Toussaint, il a fait des températures estivales sur toute la France. 21°C en Normandie, 23°C en altitude en Auvergne, 25°C au bord d’un lac près de Reims, autour de 30°C dans le Sud-Ouest et au bord de la Méditerranée. Il a fait jusqu’à 33°C à Lomné, au pied des Pyrénées ! Une température jadis qualifiée de caniculaire, aujourd’hui devenue banale en été. Mais pas à la veille du mois de novembre. L’eau de la Méditerranée est encore mesurée jusqu’à 5°C plus chaude que la normale par l’institut européen Copernicus.

Le mois d’octobre que nous venons de vivre a battu des records : c’est le mois d’octobre le plus chaud mesuré depuis 1900. En moyenne, il a été 3,5°C au dessus des normales. Une anomalie climatique énorme, plus importante que les canicules du mois de juillet et août, même si elle paraissait moins spectaculaire car nous sommes en automne. Ce mois d’octobre fait suite à 8 mois d’anomalies positives d’affilée.

D’après une étude du CNRS la France se réchauffe beaucoup plus vite que la moyenne planétaire. Et la planète se réchauffe plus vite que les précédentes études l’imaginaient. Les scientifiques font plusieurs scénarios. Avec une réduction «modérée» des gaz à effets de serre, les températures dans l’Hexagone pourraient augmenter en 2100 de 3,8 degrés en moyenne par rapport au début du XXe siècle. Dans le pire des scénarios, celui où on continuerait à avoir un recours massif aux énergies fossiles – pétrole, gaz, charbon – ce qui est actuellement le cas, les températures moyennes pourraient grimper de 6,7 degrés. On a du mal à se le représenter, mais cela signifie un changement de pays dans les prochaines décennies : le paysage entièrement modifié, des espèces qui disparaissent, des conflits majeurs autour de l’eau, une crise agricole durable, et donc des pénuries, des morts…

Concrètement, cet automne, certains arbres sont verts voire en fleurs. C’est le résultat d’un climat anormalement chaud en automne après des sécheresses prolongées cet été. Les arbres se sont mis en «veille» et se réveillent comme s’ils étaient au printemps. Dans les vignobles, au Pic St Loup, certaines parcelles débourrent, c’est-à-dire que des bourgeons apparaissent et s’ouvrent. La plante est déboussolée et imagine un faux printemps. Dans le Sud, les cigales chantent encore, certains oiseaux ne migrent pas comme ils le font chaque automne vers l’Afrique, ou alors différemment, perdus. Les cultures d’hiver comme le blé ou le colza subissent un développement accéléré et passeront sûrement l’hiver dans un stade plus avancé, donc plus sensible.

Face à ces bouleversements évidents, sous nos yeux, tout le débat public devrait être consacré à l’écologie, aux moyens de s’adapter, de conserver un environnement vivable dans les prochaines années. Mais non. Certains médias se réjouissent même du réchauffement climatique. Vendredi soir sur TF1, un sujet expliquait que la chaleur du mois d’octobre n’était «que du bonheur», avec des familles qui mangent une glace en T-Shirt. La voix off parlait d’un «air de vacances», les personnes interrogées expliquaient «c’est génial» et prolongeaient leur séjour, les commerçants sont contents. Un déni alarmant.


Plus le changement climatique s’accélère, plus ses effets sont décrits comme positifs par les médias dominants. C’est «Don’t Look Up», en pire. La dissonance cognitive généralisée.


Informations recueillies notamment à l’aide du compte Twitter de Serge Zaka.

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