Blessé à la tête par un tir de LBD, arrêté à l’hôpital et mis en garde-à-vue


L’État français au seuil de la barbarie


Image du manifestant blessé par LBD puis arrêté et mis en garde à vue à Sainte-Soline

Jusqu’où ira l’État policier ? Un blessé grave, suite à un tir de LBD lors de la manifestation de Sainte-Soline samedi dernier, vient d’être arrêté à l’hôpital de Poitiers et placé en garde à vue. Explications.

Samedi 29 octobre, 1700 gendarmes, 7 hélicoptères, des drones et une antenne du GIGN sont déployés pour empêcher une mobilisation écologiste pour défendre l’eau. Trois cortèges séparés se mettent en route vers le chantier d’une «méga-bassine» artificielle à Sainte-Soline. Robin – le prénom a été modifié – est le premier blessé de la manifestation. Alors qu’il marche dans le cortège «vert», il reçoit un tir en pleine tête, au front, une balle en caoutchouc tirée par un LBD à environ 10 mètres. Comme lui, des dizaines d’autres personnes seront blessées par la gendarmerie, qui va tirer en quelques heures des milliers de munitions.

Après des premiers soins, des manifestant-es appellent les pompiers. Mais ce sont les gendarmes qui viennent. Ils veulent contrôler son identité, auditionner Robin alors qu’il n’est pas en état de parler. Tout cela est totalement illégal. En principe, les forces de l’ordre ont l’obligation de secourir les blessés lors d’une intervention. Ici, la non assistance à personne en danger s’accompagne de menaces sur le blessé. Les gendarmes veulent l’embarquer sur le champ, alors qu’il présente manifestement un traumatisme crânien.

Robin est emmené à l’hôpital de Ruffec pour être examiné et passer un scanner. Il subit l’examen menotté alors qu’il tient à peine debout. Les gendarmes ne le lâchent pas d’une semelle, violant le secret médical. Les gendarmes bloquent également ses amis qui allaient le voir à l’hôpital.

Le scanner révèle une blessure grave : une fracture de l’orbite, qui aurait pu occasionner la perte d’un œil, et un gros hématome, notamment à l’intérieur du crâne. Cela peut entrainer une compression du cerveau et être mortel ou provoquer un handicap. Robin est transféré en urgence en neurochirurgie à Poitiers, au cas où sa situation se détériorerait, pour pouvoir être opéré si besoin. Il passe deux jours en réanimation, avant d’être transféré dans un autre service.

Il ne verra pas d’autre médecin. Par contre le personnel de l’hôpital contacte les gendarmes pour les informer de son état. La collaboration est décidément une tradition tenace.

Robin est donc arrêté ce vendredi 4 novembre au matin, dans sa chambre d’hôpital, à une heure où les visites sont interdites et alors que son état nécessite du repos. Il est à présent en garde-à-vue, probablement au commissariat de Poitiers. Les violences d’État bénéficient déjà d’une totale impunité. À présent, c’est une victime qui est traquée jusque dans une chambre d’hôpital. Des magistrats valident-ils de telles pratiques ?

Les soutiens de Robin appellent à se réunir dès maintenant devant le commissariat de Poitiers pour exiger sa sortie immédiate. Mais cet événement en dit très long sur l’état de pourrissement avancée du régime en place. Répression militarisée d’une manifestation pour l’eau. Mensonges médiatiques en boucle pendant des jours et négation totale des victimes causées par les gendarmes. Collaboration entre les soignants et les forces de l’ordre et enlèvement d’un blessé grave dans sa chambre d’hôpital. Ce sont des pratiques de dictature.


Sources : la journaliste Hélène Assekour et Les soulèvements de la terre

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