“Travail forcé” : le retour de l’ancien régime


Le clan au pouvoir continue son travail de sape.


Des bagnards américains réalisent un travail forcé : casser des cailloux.

La guerre sociale que nous vivons est d’une rare violence. Le nouveau mantra du pouvoir en place : remettre de force les gens au travail. Attaque délibérée contre le RSA et le droit au chômage, nouvelle loi raciste visant à aggraver l’exploitation des travailleurs exilés, les élites politiques pratiquent une véritable thérapie de choc. Une fuite en avant pour en finir avec le maigre système de redistribution des richesses, la sécurité sociale et organiser le retour du travail forcé au profit du grand patronat :

UN RSA CONTRE DES HEURES TRAVAILLÉES OBLIGATOIRES

Ce qui devrait être un droit inaliénable, garantir un “revenu de subsistance”, en réalité une aumône de 565,34 €/mois pour les personnes sans emploi ni ressources, est en passe de se transformer en un salaire misérable. Macron l’avait annoncé lors de la campagne présidentielle : “conditionner le versement du RSA à un minimum d’activité de 15 ou 20 heures par semaine”.

Cela avait fait bondir la gauche à l’époque. Les autorités sont prêtes à expérimenter ce dispositif anti-social. Des départements annoncent fièrement être candidats à l’expérimentation “RSA activité”. Un travail hebdomadaire, obligatoire et gratuit, sans cotisations ni droit de se syndiquer.

Un attaque digne de l’ancien régime, avec des travailleurs privés de droits, qui n’ont d’autre choix que d’effectuer des tâches ingrates, payées moins que le salaire minimum pour un travail équivalent à mi-temps. L’État prévoit de conditionner le RSA dans 10 “bassins d’emploi”. Les départements du Nord, de l’Essonne et des Bouches-du-Rhône sont concernés. Le dispositif devrait être généralisée à l’ensemble du territoire d’ici 2024.

VERS UNE SUPPRESSION DU DROIT AUX CHÔMAGE ?

L’annonce paraît incroyable, car c’est un recul social sans précédent. Les sénateurs ont voté en catimini un projet de loi visant à supprimer les allocations chômage en cas de refus de CDI. En gros, deux refus d’un CDI dans une entreprise pour les travailleurs intérimaires ou en contrat à durée déterminée entraîneraient, de manière automatique, la perte des allocations chômage et la suppression totale des indemnités de précarité. Entre d’autres termes : travaille ou crève !

Qui pourra se permettre de refuser un job sous-payé avec des conditions de travail monstrueuses si le patron vous propose plusieurs fois un CDI ? Avec la menace de perdre toute allocation chômage en cas de refus ? C’est un choix entre subir un travail forcé ou plonger dans l’extrême pauvreté.

La loi a été portée par le Sénat, dont la majorité est très à droite. Le texte doit revenir en commission mixte paritaire, où députés et sénateurs tenteront de s’accorder sur une version commune. Sans réponse de la rue et à la hauteur, ce projet d’un autre âge risque de passer tel quel d’ici la fin de l’année.

DES TITRES DE SÉJOUR “MÉTIERS EN TENSION” POUR LES TRAVAILLEURS SANS-PAPIERS, MAIS SOUS LA MENACE PERMANENTE D’UNE EXPULSION

C’est une mesure soutenue par les organisations patronales. La création d’un titre de séjour “métiers en tension” pour les travailleurs étrangers en situation irrégulière dans les secteurs qui peinent à recruter. Le gouvernement présentera une nouvelle loi ”asile et immigration” à partir de janvier 2023.

Le 2 novembre, le ministre du Travail Olivier Dussopt et le ministre de l’Intérieur soutenaient cette mesure raciste et pro-patron. Il s’agit de permettre à un l’employeur d’engager un salarié étranger à bas coût et de le virer au moment où l’activité dans le secteur diminuera. Un acte banalisé de violence sociale du quotidien.

La mesure confine à l’ignominie : une fois le secteur de métier “hors tension” c’est-à-dire avec peu ou aucune offre d’emploi dans le-dit secteur, le travailleur exilé qui se sera vu accorder un titre de séjour “métiers en tensions” se retrouvera sous la menace immédiate d’être expulsé du territoire.

Des travailleurs immigrés sans droit, en insécurité permanente, dont les patrons font ce qu’ils veulent, peuvent baisser les salaires, pendant que l’État s’octroie toujours le droit d’expulser ces mêmes salariés s’ils ne sont plus jugés ”utiles” pour les exploiteurs. Une loi raciste faite par et pour les riches. Les personnes migrantes se verront dans l’obligation d’accepter les boulots les plus merdiques.

REPENSER LE TRAVAIL

Alors que les écosystèmes s’effondrent, qu’il faudrait repenser l’organisation du travail, déserter les tâches inutiles et nocives pour l’environnement et le bien commun, les néolibéraux organisent le retour des travaux forcés. C’est une offensive terrible pendant que notre camp social est tétanisé, apathique. Historiquement le combat de la gauche s’est articulé autour du recul du temps de travail, pour le temps libre et l’émancipation de la classe ouvrière, la sécurité de l’emploi et la solidarité internationale entre les travailleurs.


Aujourd’hui les capitalistes, à rebours de l’histoire de cette émancipation sociale, veulent nous voir retourner à l’ancien régime.


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