Procès des opposants aux mégabassines : reportage dessiné


Notre équipe de reporters s’est rendue au procès des 5 manifestants arrêtés à Sainte-Soline il y a un mois. Une véritable farce judiciaire jouée d’avance au tribunal de Niort. Si vous voulez comprendre comment fonctionne la justice, voici un reportage dessiné d’Ana Pich’, pris sur le vif, en salle d’audience…



Un autre compte rendu de l’audience :


Audience en comparution immédiate pour cinq prévenus interpelés à la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline. On leur reproche d’avoir participé à un groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences.

Deux heures avant le début du procès, environ 200 personnes se sont données rendez-vous devant le tribunal. D’un côté, un groupement joyeux et uni venu soutenir les prévenus, de l’autre un attroupement de CRS déterminé à les intimider. D’emblée, pour assoir leur autorité, un contrôle d’identité abusif est imposé aux personnes souhaitant assister à l’audience. Une véritable aberration qui sera dénoncée plus tard à l’audience par l’avocat de la défense, qualifiant ces manœuvres de «tentative d’intimidation de la préfecture».

Suite au refus du juge de renvoyer l’audience, l’avocat de la défense s’indigne face à cette «atteinte au principe de la défense». Les prévenus et leur avocat font savoir qu’ils n’assisteront pas à l’audience et invitent l’ensemble du public à quitter le tribunal. La salle se vide sous le regard ébahi des magistrats. Seul-es quelques journalistes restent présents pour relater la suite du procès.

S’en suivent trois heures de monologue d’un magistrat qui présente essentiellement des éléments à charge contre les prévenus. Un débat faussement contradictoire où le juge oublie son devoir d’impartialité, se permettant même de donner son opinion personnelle sur la bonne manière de lutter et clamant, fier comme un coq : «La violence est toujours inacceptable ! La grandeur de notre pays, c’est le vote, c’est la liberté !».

Un témoin sera appelé, bien qu’il ait voulu suivre le mouvement et se retirer de l’audience, celui-ci a été prié de témoigner, sous peine de poursuites judiciaires. Seul face au tribunal, il offre une bouffée d’air frais aux rares spectateurs. Digne, il donne une leçon d’humilité et de militantisme aux magistrats : «Comme les prévenus j’étais à la manifestation malgré l’interdiction. Chaque participant pouvait être emmené. Si cela avait été le cas, nous aurions rempli toutes les gendarmeries de la région ! Je déplore qu’aujourd’hui nous n’ayons pas le droit de donner notre opinion. Pour ma part j’ai pratiqué la désobéissance civile en tant que faucheur volontaire depuis 1998. En 2008, un moratoire a interdit ce type d’OGM, vous comprenez donc l’intérêt de ce type de combat ? La désobéissance civile est nécessaire ! Vous remarquerez que cette violence a permis d’instaurer un débat public, aujourd’hui on parle de cette action partout en France».

Vient le tour du procureur qui vient conclure un débat qui n’en est pas un, il reconnaît la légitimité des problématiques soulevées par le mouvement des bassines mais réplique, droit dans ses bottes : «Mais ce n’est pas ça qu’on juge ici, on applique la loi !» Il résume alors le procès en le réduisant à une question rhétorique : «Est-ce qu’on peut manifester alors que c’est interdit ?» Les magistrats l’ignorent peut-être, le droit de manifester est un principe à valeur constitutionnelle. Pas besoin d’une grande culture historique pour savoir que la prise de la bastille n’a pas été préalablement autorisée par la préfecture, que les femmes n’ont pas obtenu le droit de vote en votant, ou encore que le bocage de Notre-Dame-des-Landes n’ait pas été sauvé à coup de longs et insipides débats parlementaires.

Dernier acte de cette farce judiciaire, tous les prévenus sont déclarés coupables, ils écopent tous de deux à trois mois d’emprisonnement avec sursis et de 3 ans d’interdiction de séjour sur le département des Deux-Sèvres.

Nous aurions toutes et tous pu être à la place des prévenus, sur le banc des accusés, coupables de s’opposer à des projets industriels délirants et nocifs, à la privatisation de l’eau potable et à la destruction des sols. Soutien indéfectible aux camarades et à toutes les formes de résistance, vive la Contre Attaque écologique.

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