RSA : la Loire-Atlantique terrain d’expérimentation


Travail forcé : le Parti Socialiste du département teste sur les pauvres la mesure de Macron


Ambiance loterie le 13 décembre au Ministère du travail : c’était l’annonce officielle des 19 départements retenus pour expérimenter le «nouveau» RSA. En échange de cette allocation minimale, les bénéficiaire de ce minimum vital devront travailler entre 15 et 20 heures gratuitement par semaine. Oui, il s’agit de travail forcé, payé moins que le SMIC. Un scandale. Les allocataires du RSA devront aussi signer un «contrat d’engagement». Mais ils bosseront sans contrat de travail, sans cotisations, sans droits si ce n’est de conserver leur RSA. Sinon, plus rien. À la rue.

Parmi les candidats retenus, l’Aisne, les Yvelines, les Bouches-du-Rhône ou la Réunion, des départements qui «reflètent une pleine diversité sur le plan géographique, démographique et social» selon le gouvernement. Sauf que c’est faux. Ces départements sont quasiment tous dirigés par la droite sauf la Seine-Saint-Denis, département PS, qui a depuis renoncé à participer au projet gouvernemental.

Une exception dans ce tableau : la Loire-Atlantique ! Le département est aux mains du Parti Socialiste depuis 20 ans, une véritable baronnie. Son actuel président s’appelle Michel Ménard, un socialo tendance Manuel Valls. Rien d’étonnant donc : il est aussi à droite que Macron. On retiendra que la Loire-Atlantique est depuis des années le territoire d’expérimentations ignobles. Projet d’aéroport démesuré dans le bocage. Police militarisée depuis le début des années 2000 et test des premiers LBD à Nantes. Projets destructeurs en tout genre, porcherie géante, entrepôts Amazon, bétonnage et flicage à gogo. Et donc, candidate auprès du gouvernement pour «expérimenter» le RSA sous condition. Décidément, ça fait chaud au cœur de vivre dans un département «de gauche».

Dans le détail, ce «dispositif d’accompagnement des allocataires du RSA» – notez la novlangue alors qu’on le rappelle, il s’agit de forcer les plus pauvres à bosser gratos – va être testé sur le bassin de Saint-Nazaire. 15 heures de taff par semaine pour 500€, c’est moins que le salaire minimum. Le tout dans une zone déjà abîmée par le capitalisme.

Saint-Nazaire et ses environs sont décrits comme un «secteur dynamique, mais où le chômage est supérieur à la moyenne» par les élus. Traduction : un bassin ouvrier frappé par la désindustrialisation et la précarité, couvert d’usines polluantes et de boulots dangereux. Ce sont ses habitant-es que le PS veut mettre à genoux en leur imposant la mesure abjecte du gouvernement Macron. La logique est claire : obliger les chômeurs et les chômeuses à accepter la première offre venue, peu importe la rémunération, peu importe les conditions de travail, peu importe si le poste est adapté.

C’est Jérôme Alemany, vice-président socialiste du département, qui se félicite que la Loire-Atlantique fasse bien partie des territoires sélectionnés pour «l’accompagnement renforcé» – nouvelle formule en novlangue – des bénéficiaires du RSA. En effet, Jérôme Alemany estime que cela va permettre «de lever les freins – mobilité, santé, pertes des codes du monde du travail – vers le retour à l’emploi». Kamoulox. On lui rappellera que forcer les gens à bosser gratos ne créé pas d’emploi, et que le chômeurs ne sont pas responsables du chômage. Cette mesure contribue seulement à achever le code du travail, à humilier des pauvres et à baisser les salaires.

Encore plus pervers, lors de sa présentation du dispositif, Jérôme Alemany à osé dire que le département soutient ainsi «les personnes les plus vulnérables et développe des solutions innovantes pour favoriser leur insertion». Charabia délirant et inversion du réel dont les socialistes ont le secret. «Nous sommes prêts à faire évoluer notre modèle» s’est même enthousiasmé l’élu. Quel modèle ?

Précisons que M. Alemany trouve Olivier Faure, l’actuel boss du PS, trop à gauche et qu’il veut une «refondation» du parti sur la ligne de François Hollande. Lui, ce qu’il kiffe, c’est l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve qu’il soutient ouvertement. Bref, notre homme est clairvoyant et ambitieux.

Jérôme Alemany avait déjà fait parler de lui : il s’était personnellement interposé lors d’un blocus lycéen en décembre 2018 à Nantes, pendant les Gilets Jaunes. Il voulait empêcher des ados de retourner une voiture et avait reçu quelques patates. L’événement avait fait les choux gras de la presse. Pourrir la vie de personnes précaires en les mettant au travail forcé ou défendre un morceau de taule ? Les socialistes de Loire-Atlantique ont fait leur choix.

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